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 connaissant le mérite du travail de M. Dumas, jugea qu'il n'avait ni le ton,
ni les formes assez oratoires. L'auteur en avait banni à dessein, comme il le
dit dans sa préface , la pompe , l'exagératioa , les termes vagues; il avait pensé
que , dans toute espèce d'ouvrages, la nature du sujet détermine la nature
des idées, et celle-ci le caractère de l'expression. Bailly, Vicq-d'Azyr,
M me de Staël, le consolèrent par des lettres flatteuses du jugement de l'Aca-
démie. Cet éloge de d'Alembert, que l'auteur fit imprimer comme pour en
appeler au public , lui fit un nom parmi les hommes de lettres, et lui donna
des protecteurs. M. de Barautin , garde des sceaux de l'infortuné Louis XVI,
le prit pour son secrétaire particulier.
    « La Révolution) qui brisa tous les pouvoirs, et une royauté de tant de siè-
 cles, détourna pour quelque temps M. Dumas de la carrière qu'il chérissait.
Après la perte des espérances qu'avait pu lui faire concevoir l'amitié d'un
ministre , il fut heureux de trouver un modique emploi dans les bureaux dé
la liquidation de la dette publique. Enfin , à l'établissement des écoles cen-
trales ( 25 octobre 1795 ) , M. Dumas , qui avait mûri sou talent par l'étude
des grands modèles de l'antiquité et le commerce des gens de lettres, se
voua à l'enseignement public et fut nommé professeur aux écoles centrales de
Paris, le 6 mai 1796. L'année suivante, il obtint à l'école centrale des
Quatre Nations, la chaire de belles lettres qu'avait occupée M. de Fontanes,
écrivain d'un goût exquis, d'un talent élevé, et celui de tous les flatteurs
d'un grand homme qui a su le louer avec le plus d'art et de dignité. Les
élèves de M. Dumas se souviennent encore de l'éclat mérité qui couvrit son
enseignement. Il devina le talent poétique de Millevoye et contribua à le for-
mer. Une amitié tendre unit le professeur et l'élève (1). Les Bourguignon ,
les Parquin, les Laennec, les de Broglie, noms devenus depuis célèbres,
instruits par ses leçons, soutinrent avec honneur les luttes littéraires que le
gouvernement avait établies entre les diverses écoles centrales de Paris.
Après avoir rempli pendant plusieurs années les fonctions de président de
l'école des Quatre-Nations, M. Dumas fut nommé censeur des éludes au
lycée Napoléon , par un décret de l'empereur daté d'Oslende. Il dirigea ce
lycée, pendant onze ans, avec M. de Wailly ; il y eut entre ces deux hommes
dignes de s'entendre un accord parfait qui se changea bientôt en une amitié
sincère et durable.
   « Ce fut en 1815 que M. Dumas fut appelé , par un arrêt de la commission
de l'Instruction publique, aux fonctions de proviseur du collège royal de

  ( i ) M. Dumas a consacré à MilleToye une notice pleine d'intérêt, qui se trouve à la tête deé
OEUVRES COMPLÈTES de ce poète. — 1822.
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