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284 fesla avec trop de liberté contre les intrigues anarchiques de son temps, excitèrent la jalousie et le courroux des maires du palais (1). Son frère Dauphin, que Chorier (2) croit être la souche des Dauphins viennois, et saint Ennemond, furent accusés de trahison contre le roi Khlowig, en présence d'une assemblée solennelle qui se tint à Orléans en 655 ou 656. Le r o i , épouvanté par la grandeur des accusations et par le nombre des accusateurs, qui cette foîs laissaient les armes pour n'employer que la calomnie, Condamna à mort Dauphin, qui était présent. Il voulut qu'on arrêtât Ennemond pour lui faire confesser ses forfaits. Le prélat n'avait point quitté Lyon depuis son retour du concile de Paris; il s'occupait avec ar- deur du soin de gouverner son troupeau ; il cherchait à adou- cir les maux qui accablaient les fidèles , lorsqu'il apprit l'exé- cution de son frère Dauphin, et l'ordre que le roi avait donné (1) Ebroîn commençait alûfs à s'emparer de l'autorité royale. Ce fut cet ambitieux ministre qui accusa Ennemond et le fit assassiner dans le voyage qu'il entreprenait pour se justifier. Il tut tué près de Chalons-sur-Saône le 28 septembre 657. Plusieurs écrivains, entr'autres le vénérable Bède, attri- buent ce crime à la reine Batilde , qui avait alors pour aumônier Genès ou Genis, lequel fut le successeur immédiat du saint prélat; mais il y a lieu de croire qu'Ebroïn seul en fut coupable , et qu'il se servit pour l'accomplir du nom et de l'autorité de la reine. Le meurtrier de saint Ennemond fut, à son tour, assassiné par un seigneur franc, nomméHermanfroi, un jour de dimanche de l'année 681, au moment où il allait à matines. Adon rapporte, dans sa chronique , qu'il y avait alors dans une. petite île de la province de Lyon (sans doute l'Ile Barbe), un homme auquel Ebroîn avait fait crever les yeux. Cet infortuné faisait sa prière pen- dant que son persécuteur tombait sous les coups d'Hermanfroi. L'aveugle, ayant entendu le bruit d'une barque , demanda aux rameurs où ils allaient. « Nous conduisons Ebroîn , répondit une voix effrayante, dans la chaudière de Vulcain; c'est là qu'il doit subir la peine de son crime. » Ebrolnus esi quem ad Vulcaniam ollam deferimus ; ibi enim facli sui pœnas luet. Voyez Butler, trad. par Godescard, au 28 septembre; Colonia , Hist, lia. de Lyon, tom. i, pag. 356, 369 et suivantes. A. P. (2) Hist. du Dauphiné.