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fesla avec trop de liberté contre les intrigues anarchiques de
son temps, excitèrent la jalousie et le courroux des maires
du palais (1). Son frère Dauphin, que Chorier (2) croit être la
souche des Dauphins viennois, et saint Ennemond, furent
accusés de trahison contre le roi Khlowig, en présence d'une
assemblée solennelle qui se tint à Orléans en 655 ou 656.
Le r o i , épouvanté par la grandeur des accusations et par le
nombre des accusateurs, qui cette foîs laissaient les armes
pour n'employer que la calomnie, Condamna à mort Dauphin,
qui était présent. Il voulut qu'on arrêtât Ennemond pour lui
faire confesser ses forfaits. Le prélat n'avait point quitté Lyon
depuis son retour du concile de Paris; il s'occupait avec ar-
deur du soin de gouverner son troupeau ; il cherchait à adou-
cir les maux qui accablaient les fidèles , lorsqu'il apprit l'exé-
cution de son frère Dauphin, et l'ordre que le roi avait donné

   (1) Ebroîn commençait alûfs à s'emparer de l'autorité royale. Ce fut cet
ambitieux ministre qui accusa Ennemond et le fit assassiner dans le voyage
qu'il entreprenait pour se justifier. Il tut tué près de Chalons-sur-Saône le
28 septembre 657. Plusieurs écrivains, entr'autres le vénérable Bède, attri-
buent ce crime à la reine Batilde , qui avait alors pour aumônier Genès ou
Genis, lequel fut le successeur immédiat du saint prélat; mais il y a lieu de
croire qu'Ebroïn seul en fut coupable , et qu'il se servit pour l'accomplir du
nom et de l'autorité de la reine.
   Le meurtrier de saint Ennemond fut, à son tour, assassiné par un seigneur
franc, nomméHermanfroi, un jour de dimanche de l'année 681, au moment
où il allait à matines. Adon rapporte, dans sa chronique , qu'il y avait alors
dans une. petite île de la province de Lyon (sans doute l'Ile Barbe), un homme
auquel Ebroîn avait fait crever les yeux. Cet infortuné faisait sa prière pen-
dant que son persécuteur tombait sous les coups d'Hermanfroi. L'aveugle,
ayant entendu le bruit d'une barque , demanda aux rameurs où ils allaient.
 « Nous conduisons Ebroîn , répondit une voix effrayante, dans la chaudière
de Vulcain; c'est là qu'il doit subir la peine de son crime. » Ebrolnus esi
quem ad Vulcaniam ollam deferimus ; ibi enim facli sui pœnas luet. Voyez Butler,
trad. par Godescard, au 28 septembre; Colonia , Hist, lia. de Lyon, tom. i,
pag. 356, 369 et suivantes.                                       A. P.
  (2) Hist. du Dauphiné.