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208 du premier consul, et M. de Jussieu se retrouva, grâce aux deux nominations que nous venons de dire, dans une belle position de fortune. Nous n'avons pas besoin de mettre, pour ainsi dire , en étalage le for intérieur de sa belle et gé- néreuse conduite, pour faire deviner à nos lecteurs le noble usage qu'il en fit, le bien qu'il en sut tirer. Un seul mot suf- fira sans doute pour tout dévoiler; A.-L. de Jussieu était pieux et fervent chrétien. Malheureusement, nous ne dirons pas pour lui, mais pour tous ceux qui l'approchaient, ce retour de prospérité ne dura pas bien long-temps, et ses deux places lui furent successi- vement enlevées, celle de l'Université en 1815, et celle de la Faculté en 1822. N'est-ce pas une grande bizarrerie que la Restauration,qui s'annonçait comme ayant mission de rendre aux hommes de religion leur honneur et leur influence , ail frappé positive- ment sur l'homme le plus réellement pieux peut-être, d'un corps où elle conservait les membres les plus opposés à ses croyances? M. de Jussieu prit son parti en sage, et se remit de nouveau tout entier à ses occupations favorites. Enfin l'âge le dépouillant chaque jour davantage de ses sens et de ses forces, en 1826 il renonça à sa dernière place, celle qui avait été la première, celle qui lui devait demeurer la plus chère, sa chaire de botanique au Muséum d'histoire natu- relle. Mais si ce dut être pour le vénérable professeur une peine véritable d'abandonner un enseignement auquel se rattachaient pour lui tant de souvenirs de famille et de célé- brité, il trouva du moins une consolation dans le digne choix qu'on fil pour le suppléer, d'un homme aussi solide , net et posé d'esprit, que remarquable par sa science et la variété de ses études, et cet homme était son fils. Ainsi rentré dans le silence et la liberté de ses travaux par- ticuliers, M. de Jussieu se mit à préparer une nouvelle édi- tion de son Gênera ; mais il aimait la perfection : avant de livrer son travail à la publicité, il voulait se rendre la justice