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dinaire, ni par la nature, ni par des grâces qui soient dues à
leur prétendue religion (1). »
  Voici une anecdote sur le P. Colton :
   « Un paysan ayant affaire d'argent pour acheter un fonds
qui l'accommodait, et n'en ayant pas assez, vint à Lyon à
un banquier logé à la Juifverie^ pour lui demander cent
écus , dont il payerait le profit. Le banquier lui promet,
reçut sa promesse , et lui faisant compte , il entendit le der-
nier coup du sermon sonnant en l'église de St-Paul, où prê-
chait le P. Cotton ; il ramasse cet argent et le remet dans
sa caisse : « Allons , dit-il au paysan , à la prédication ; nous
« ferons notre affaire après.» Le P. Cotton se trouva prêcher
de l'usure, sur laquelle prêchant avec force, comme il était
éloquent, le paysan qui l'écoutait, conçut avec tristesse que
son créancier ne lui tiendrait parole ; néanmoins , le sermon
étant fini, le banquier sort, et trouvant le paysan : « Allons ,
« lui dit-il, achevons nos affaires , » lui fait son compte , lui
« tire sa promesse; « Adieu, mon ami. »—Ma foi, Monsieur,
« dit le paysan, je croyais bien que vous ne me prêteriez
« pas cet argent ici. — Pourquoi? — Parce que ce Monsieur
« le Prédicateur a prêché trop puissamment contre l'usure.
« —Mon ami, dit le banquier, le P. Cotton a parlé selon sa
« profession, et moi j'agis selon la mienne; ma marchandise
 « est de l'argent; c'est de quoi je négocie; je la débite et y
« cherche mon profit, comme un marchand quincaillier de
« la rue Mercière profite en sa mercerie (2). »
   "VIII. Le Prince instruit en la philosophie en franpois; Lyon,
Pierre Guillimin, 1671, in-folio. L'auteur donne à son livre
le titre de Prince instruit, « parce que les Français, dit-il,
dans sa dédicace au roi, recherchant avec empressement de
voir leurs princes et de lire les écrits qui en parlent, j'ai cru
qu'ils verraient celui-ci que je présente à Yotre Majesté, et

  (1) Pag. 34.
  (2) Pag. 41.