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129 revenaient en ce moment si près de lui, qu'il croyait ne les avoir jamais quittés.—Oh! c o m m e sa r u e T u p i n , obscure et enfumée, lui paraissait douce et fraîche auprès de ce soleil ardent! comme chaque chose s'embellissait p a r la détresse de la situation p r é s e n t e ! Quelle agréable professionque celle de marchand de fil ! Et il appelait son p è r e , il invoquait sa m è r e . . . Sa voix tintait dans cette lugubre solitude, avec toutes les nuances de l'angoisse et du désespoir! Et il cherchait une lueur d'espérance avec avidité! H o m m e s , par p i t i é , qu'allez-vous faire de moi ? demanda- t-il de nouveau à ses gardes. L'un d'eux lui désigna du doigt le premier de ces pieux si luisants. Il sembla à Borromée que c'était celui dont la pointe était la plus aiguë. Tu n'auras que douze heures à rester d e s s u s , lui dit le Turc en mauvais français. Borromée fit entendre un cri guttural et défaillit. Ce qu'il souffrit, je ne saurais vous le dire sans vous dé- chirer le cœur. Mais enfin Borromée sera canonisé dans la légende saint-simonienne ; ses reliques feront certainement des miracles, aussi bien que le Tibia ou le crâne de saint Castor. Cette espérance adoucit peut-être l'horreur de sa mort. L E GENTILHOMME. Lyon, le 17 juillet 1835. 9