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   Le portier le crut fou.
   Portier! tu le sais , et tu ne dis mot: sacrilège! lu répon-
dras de ton silence devant les générations futures.—
   Et, s'élançant vers l'escalier, en trois bonds , il parvint an
premier étage. Il sonna ; une fille vint ouvrir.
   Où est-elle ? demanda-t-il.
   Esl-ce Madame que vous voulez voir?
   Oui, oui !
   La fille l'introduisit.
   C'était la même jeune femme. —Il la contemplait en si-
lence.
   Puis-je savoir, Monsieur, ce qui vous amène, lui dit-elle.-
   Il s'agenouilla.
   Mais, Monsieur, de grâce , que voulez-vous ?
   Laisse-moi me fondre sous la puissance de ta beauté, s'é-
 cria Borromée.
   La jeune dame prit peur, car on lui avait conté d'étranges
choses sur les saint-simoniens.
   Mon cœur implore un rayûn d'amour.
   Elle restait stupéfaite.
   Le père a réhabilité la chair, ajouta-t-il, et il se traîna à
ses pieds, les baisant avec transport.
   La jeune femme voulut fuir, mais il lui barra le passage.
   Sortez , sortez, criait-elle.
   Tais-toi ! dit alors Borromée avec colère : je vois que tu es
une de ces femmes à émotions factices , qui consultent la
voix du monde pour s'épanouir ou se fermer               Et moi ,
homme passionné et sérieusement passionné , je verrais im-
punément sacrifier mon repos , l'avenir de ma vie entière,
toute une destinée, grande peut-être, à une coquetterie sans
but!... étrange dérision! pour un chatouillement de froide
vanité, pour une stupide parade de mode, il sera loisible à
une femme sans ame d'incendier mes sens , parce que la
nature l'aura faite belle, de mêler son regard au mien, parce
que son orgueil quête l'admiration, et de le mêler tellement