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 river parmi ces hommes de guerre qui traitent les gens
 de campagne avec peu de courtoisie, et sympathisent diffici-
 lement avec le merveilleux en veste de b u r e . Le plus pru-
 dent pour lui est d'éviter ces bandes que le général philo-
 s o p h e , le père la Pensée, Catinat, attend de l'autre côté des
 Alpes pour joindre le laurier de Marsaille à celui de Staffarde.
 Il fuit d o n c , et revient à Lyon s'excuser sur une trop juste
frayeur d'avoir interrompu son voyage si près de son terme.
     N'est-ce que cela? On lui rend le courage par de bonnes
lettres de recommandation. Son escorte d'exempts et d'archers
le ramène au camp des Sablons, où il obtiendra au besoin
main-forte contre les mauvais plaisants et les perturbateurs
des opérations de justice. Mais cette fois il venait trop tard ;
les assassins étaient hors du camp. Il passe outre ; il va jus-
 qu'à Beaucaire^ semant tout le long de sa route les prodiges,
reconnaissant toujours avec une infaillible précision et les
logis, et les lits, et les t a b l e s , et les chaises , et les p o t s ,
 et les v e r r e s , et tout ce qui avait subi le contact des crimi-
nels. A Beaucaire, des traces qui s'écartent d'un embranche-
m e n t commun lui apprennent qu'ils se sont séparés. Que
faire? Il s'attache à celle qui paraissait causer à sa baguette
le plus de courbure; el l'on vit bien quelques instants après
que ce signe avait son importance; car, dès qu'on fut arrivé
devant la porte d'une prison de la ville , une fièvre plus ar-
dente s'allume dans les veines du Dauphinois, le coudrier
est près de se rompre dans ses mains à force de fléchir , l'es-
prit qui tourmentait autrefois la Pylhonisse semble l'inspirer,
et l'œil en feu, la poitrine haletante, il déclare très-affirmative-
ment que la prison renferme l'un des meurtriers. Quinze pri-
sonniers qui s'y trouvaient sont soumis l'un après l'autre à la
redoutable auscultation de la baguette. Celui qu'elle dénonce
comme le coupable, c'est un bossu mis sous les verrous de-
puis une heure pour un petit larcin.
    Le bossu fut conduit à Lyon ; on lui fit son procès.
    Restaient les deux complices qu'Aymar se croyait égale'