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  de tout contact avec les passions, de tout mélange avec les
   erreurs. Elle devenait aussi juste que la justice du jugement
  dernier. Ce n'est pas que je veuille faire allusion à ces anti-
   ques épreuves par le feu ou par l'eau, qui ne pouvaient as-
  surément profiter qu'à l'innocence, munie d'une bonne re-
  cette. Je ne remonte point aux âges de barbarie et de crédu-
  lité ; je parle du merveilleux qui existait encore dans les
   temps éclairés par les lettres et la philosophie, quand
  avaient déjà passé Descartes et Pascal, quand Molière, Cor-
  neille, Racine, La Fontaine, Boileau, Bossuet, illustraient
  le siècle de Louis XIV, et qu'unissant la grandeur politique
  à la gloire littéraire, nous commencions à imposer à l'Europe
  cette suprématie de l'opinion qui nous est restée depuis.
  Voyez si les pages suivantes qui offrent le récit d'un procès
  criminel, instruit à Lyon en 1692 , ne rendraient pas assez
 raisonnable, tout ironique qu'elle paraisse, mon effusion
  d'admiration et de regrets sur le passé.
     Je vous préviens que ceci n'est pas une œuvre de fantaisie,
 et que je ne me permettrai d'ajouter aucune circonstance
 imaginaire à l'événement qui va être rapporté. C'est la plus
 stricte exactitude de l'historien que je m'impose. Je puise
 l'objet de cette narration à des sources qui en assurent l'au-
 thenticité. Il n'y aura pas un seul des détails que j'exposerai
 qui n'ait été tiré des différentes relations écrites par le pro-
 cureur du roi du lieu, M. de Montgirol, intendant de la pro-
 vince, M. l'abbé de la Garde , M. Panlhot, doyen des méde-
 cins de Lyon, et M. Aubert, avocat, auquel on accordait de
 son temps cette passagère célébrité du barreau, dont il reste
 si peu de chose ensuite. La critique ne peut guère réserver
 à de tels témoignages que la foi la plus absolue. Que si, mal-
 gré la désignation que je viens de faire de mes autorités , on
était choqué de ce que l'histoire de ce procès a d'invraisem-
blable, et qu'on préférât la rejeter, ce serait se décider d'une
façon à laquelle je n'ôterai pas le mérite d'être fort expédi-
xive. Serait-elle aussi philosophique? Chacun en jugera. Je me