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                         I'e 1ETTRE.




       MON CHEK AMI,



    Vous me demandez de vous entretenir du mouvement in-
 tellectuel de Lyon, celte ville remuante, sur laquelle depuis
six ans ont été braqués les regards de la France; vous voulez
 que je vous donne une mesure de sa fermentation morale,
 et en quelque sorte une cote de ses produits artistiques.
Hélas! nous ne connaissons guère ici d'autre cote que celle
des soies ou des changes, et les produits des arts sont une
 marchandise peu estimée à Lyon, sans doute parce que l'in-
telligence des arls n'a que bien médiocrement pénétré à tra-
vers l'ecorce de ses mœurs commerciales. La suite de celle
lettre vous prouvera que celle triste vérité n'est pas une opi-
nion éclose au hasard dans mon cerveau 3 mais le résultat
de faits observés et appréciés.
    Nous avons pourtant une Société des Amis des Arts et
une Exposition de peinture qui a été ouverte au public le
10 novembre. La Société des Amis des Arts se compose de
tous ceux qui ont voulu tirer de leur bourse la plus minime
somme d'argent. Cet argent, récolté par un trésorier, a pour
destination d'acheter annuellement un certain nombre de ta-
bleaux. Voilà le plan de l'œuvre dans toute sa simplicité;