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 onze , ta Saône est entrée dans nostre église et dans le cfoistre a S heures
 du matin ; et a midy on ne pu plus entrer n'y dans l'un, n'y dans l'autre.
 Le 2 5 , ses eaux se sont éleuées jusque à la 3 e marche du sanctuaire, et dans
 le clolstre jusque au dessus des pierres d'appuis, en même temps tout nos-
 tre clos estoit innondé, on ne pouvait sortir de la maison qu'auec un petit
 bateau et on en auoil un autre à la porte du jardin, qui nous conduisoit jus-
que au grand portail de la maison de monsieur Oliuier. En ce même jour le
Rhône et la Saône se sont joints en belle cour. La Saône estoit rapide extra-
ordinairement. Car les parapets depuis nostre église ont estez renversez
aussi bien que le pont de bois de S. Jean. Enfin depuis le 6 e de mars la
Saône (Dieu mercy) a laissée le chemin libre du coslé de belle cour, et
nous auons commencé à respirer après dix jours d'alarmes et d'effroy. Nos
tombeaux n'ont point branslez; et nostre maison n'a point esté endomagée.
Dieu soit loiié de tout.

   On lit encore l'inscription suivante , grossièrement gravée dans le bois de
la porte de la maison St-Antoine, sur le quai de ce nom :

            L'EAV EST VENVE A TROIS PIEDS DE SAVT DE CETTE PORTE
                              1E 2 5 FEVRIER 1 7 1 1 ,


    Le faubourg de la Guillotière fut presque entièrement inondé, et la com-
 munication de la ville avec la campagne interrompue par tout autre côté
 que par la Croix-Rousse et Saint-Just.
    Les ravages et les pertes causés par celte inondation ont été extraordinaires.
 Une quantité prodigieuse de marchandises, de denrées, de bois et de blé
 ont été perdues ou gâtées par les eaux. Tous les éperons ou avant-becs du
 pont du Rhône ont été submergés et ceux du Pont-de-Pierre , sur la Saône,
 enlevés ou endommagés. Le pont Volant de Bellecour, rétabli depuis le grand
 hiver, a été entièrement emporté; deux arches de l'ancien pont enlevés, et
 la maison de l'Arsenal entraînée par le torrent, le 1 e r de mars. Les parapets
le long de la rivière lurent détruits en grande partie , et le pavé des quais et
 des rues fut ruiné en plusieurs endroits. Voilà les désordres publics. Quant aux
 dommages particuliers, ils furent plus grands encore. Il y eut parmi la classe
 ouvrière une cessation générale de travail. L'alarme régna dans la ville. Beau-
 coup de boutiques furent fermées par nécessité. Une perte immense de vin
 eut lieu dans les caves, subitement envahies par l'eau. On fut obligé de faire
pomper en plusienrs endroits, non-seulement pour sauver les tonneaux et
le peu de vin qui restait, mais pour éviter la corruption des murs et l'iufec-
tion provenant du long séjour des eaux. Tous les puits furent corrompus, et