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liberté. Renvoyé pour cause de sûreté publique devant le tribunal criminel de la
Haute-Loire, il était condamné, un an plus tard seulement, le 22 floréal an VI, à la
peine capitale. Sa tête tombait sur l'échafaud quelques jours plus tard '•: il n'avait pas
encore vingt ans !
     Le dernier crime de Storkenfeld détermina sans doute le Directoire à prendre
une résolution qui, suivie peu après des événements du 18 fructidor, dispersa pour un
temps les « Compagnons de Jésus » de la région lyonnaise. L'arrestation de dix d'entre
eux fut ordonnée en vertu de l'article 145 de la Constitution de l'an III. Un seul put
être pris ; mais c'était l'un des plus redoutables, le fameux Anthelme Astier, « le plus
atroce de tous », dit le général Canuel, successeur du général Elie, dans un rapport au
ministre. Astier ne devait subir qu'un an plus tard le châtiment suprême. Quant à
Flandrin, à Pin, à Renard, à Champreux et à leurs auxiliaires, ils parvenaient à fuir, et
pendant quelque temps, Lyon n'entendit plus parler d'eux.
     Les crimes de tous, oubliés maintenant, se rattachent intimement à l'histoire de
cette ville, en raison des circonstances dans lesquelles ils furent commis et des motifs
qui les déterminèrent. Par pudeur sans doute, certains historiens lyonnais ont essayé
de les faire passer pour des attentats de droit commun. L'exemple de la mort particu-
lièrement tragique de l'agent politique Pancrace d'Istria est la démonstration écla-
tante du contraire. A ce titre seul, il n'était peut-être pas inutile d'en fixer le souvenir.

                                                                   Edouard PERRIN.