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 d'une Victoire ailée, puis encore un amphithéâtre. « Non une ville au sens
 propre du mot, a-t-on écrit justement, mais quelque chose comme Olym-
 pie pour les Grecs », un sanctuaire silencieux et désert pendant la majeure
 partie de l'année x, mais qui s'anime singulièrement lorsqu'avec le retour
 périodique des fêtes religieuses et des foires qui les accompagnent arrive
 la foule des délégués des cités, des marchands, des voyageurs de toutes
 sortes, attirés vers le confluent par l'accomplissement d'un devoir civique,
l'appât du gain, le goût des plaisirs ou la simple curiosité.
      Assurément, il ne faut rien exagérer, et l'on aurait tort de faire de Lyon
romain une cité somptueuse, peuplée de plusieurs centaines de mille d'ha-
bitants, alors que sa superficie n'est guère que le quart ou le cinquième de
la superficie actuelle 2. Il n'en reste pas moins vrai que la ville a débuté par
deux siècles d'une étonnante prospérité. — Mais à cette prospérité, quel
lendemain !
      Vers la fin du deuxième siècle commence une série de catastrophes
inouïes. Le 19 mars 197, Lyon est incendié et pillé par les soldats de Septi-
me Sévère. En 275, il est durement châtié par Aurélien. Au Ve siècle arri-
vent les Burgondes, de braves gens que la civilisation romaine émerveille,
mais des barbares quand même qui n'entretiennent guère les villas et les
maisons gallo-romaines où ils se sont installés. En 580, au cours d'une terri-
ble inondation, le Rhône renverse une partie de la muraille romaine 3. A
l'automne de 840, le forum s'écroule 4. Entre 934 et 949, devant la menace
des Hongrois qui courent la contrée et brûlent l'abbaye de Savigny, les
Lyonnais, fort diminués en nombre et jugeant leur ville trop difficile à
défendre avec sa vaste enceinte à demi-ruinée, s'entassent au bas de la
colline de Fourvière, entre la Saône et un nouveau mur construit de Saint-

      1. Cf. Bloch, 0. c , p. 353 ; Jullian, o. c , t. VI, p. 534.
     2. Sur la population de Lyon à l'époque romaine, évaluée à 70.000 habitants par Mollière (Recherches
sur l'évaluation de la population des Gaules et de Lugdunum, Paris, 1893), à 100.000 habitants par Allmer,
200.000 par Jullian, 400.000 par G. de Montauzan, il faut s'en tenir à la remarque judicieuse de Bloch (o.c,
P- 35°) Que la population de Lyon antique devait être très inférieure à celle de Lyon moderne « car elle
couvrait une superficie bien moindre », mais qu'une ville ne vaut pas seulement par le nombre de ses
habitants.
     3. Grégoire de Tours, Histoire ecclésiastique des Francs, V, 33.
     4. Chronique de Saint-Bénigne, ad ann. 840. — Cette chronique est du XIIe siècle, mais son auteur
rapporte le fait d'après le diacre lyonnais Florus qui en fut le contemporain.