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— 21 — La ville reçoit déjà de ce fait un sérieux accroissement de population ; mais ce n'est pas le seul. Lyon, déjà ville de la foire et de la banque, se peuple d'imprimeurs depuis 1473 et devient décidément ville de la soierie en 1536, quand François I er , pour mieux la « bonifier », déclare loisible à tous ouvriers en soie d'y «travailler en boutique, ouvroir, chambre ou autre- ment, sans être troublés ou empêchés », et accorde à tous ceux qui vien- dront « l'exemption des gabelles, octroi, deniers communs, guet et garde des portes » I . Or ces deux industries sont, elles aussi, des industries étrangères, pour l'établissement desquelles il faut faire venir d'au-delà des frontières maîtres et ouvriers. Les'premiers grands imprimeurs lyonnais, Guillaume Leroy, Martin Huss, Jean Neumeister, Reinhardt, Jean Trechsel sont, le premier un Liégeois, les autres des Allemands3; Etienne Turquet et Paul Nariz, qui prennent la direction de la soierie, sont des Piémontais et la plu- part des tisseurs qu'ils amènent avec eux sont des Génois 3. Ainsi se produit, favorisé par le respect de la liberté du travail cher aux Lyonnais, un second et même un troisième afflux d'étrangers qui viennent grossir les rangs des négociants et des banquiers attirés par les foires. Mais il faut loger ce surcroît d'habitants, entreposer les marchandises qui, la foire finie, restent à Lyon. Alors se produit une véritable fièvre de construction. Mettant à profit les terrains non bâtis qui existent dans la presqu'île ainsi que le longduBourgneufet qui sont la propriété des parti- culiers, les Lyonnais suppriment les vergers et les vignes, coupent les arbres, abattent les murs intérieurs de la ville, comblent les fossés, et, sur les emplacements ainsi ménagés, créent de nouvelles voies, construisent des mencement du xvr' siècle, même Revue, 1912, p. 26-65 ; de Charpin-Feugerolles, les Florentins à Lyon, Lyon, 1914 ; Eug. Vial, Jean Cléberger, dans Revue d'hist. de Lyon, 1912. — Il serait intéressant de déterminer, au moins approximativement, le nombre de ces étrangers. La chose est actuellement impossible. On possède bien quelques indications qui méritent d'être retenues ; ainsi M. Bonzon (art, cité, p. 48-52) donne la liste de 87 banquiers tantitaliens que lyonnais rencontrés par lui dans les Nommées entre 1493 et 1515 ; de son côté, M. Vial (art. cité, p. 277), compte 19 marchands allemands établis à Lyon en 1529 et « y tenant feu et lieu en maisons, magasins et boutiques » ; mais ce sont des données trop fragmentaires pour qu'on puisse rien en tirer de précis. 1. Pariset, Histoire de la fabrique lyonnaise, p. 25, Lyon, 1901. 2. Aimé Vingtrinier, Histoire de l'imprimerie à Lyon, Lyon, 1894. 3. Vital de Valous, Etienne Turquet et les origines de ta Fabrique lyonnaise, Lyon, 1868.