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— 66 — avait mis l'esprit à la torture, ne semble pas en douter, et cette fois il ne s'inquiète pas de découvrir le sens allégorique de la scène. Comarmond 1i sans dire formellement qu'il s'agit selon lui d'une « rencontre sentimenta- le », entendons erotique, le laisse aisément comprendre à qui connaît sa notice sur la mosaïque Cassaire. « Ce n'est point une lutte, comme le dit Artaud. L'Amour, en s'approchant, étend le bras gauche sur la tête du satyre avec un geste protecteur ; tout indique un parfait accord. Nous ne pensons point non plus qu'on ait voulu représenter le dieu Pan ». Outre sa persévérance dans l'erreur, on remarquera ici encore sa négligence ; il décrit le tableau de mémoire, sans se donner la peine de le revoir, si bien qu'il attribue à l'Amour le geste de Pan. Le rédacteur du Catalogue som- maire des Musées2 a subi cette fois encore son influence : « Mosaïque dite de la lutte de l'Amour et de Pan... Au centre, médaillon de forme ronde repré- sentant un satyre debout en face de l'Amour ». 2. Le médaillon central est dessiné par un filet noir et encadré par une torsade sur fond noir. La même torsade délimite plus loin un grand carré et, dans l'intervalle qui sépare le médaillon de ce grand carré, sur les diago- nales quatre pentagones à base curviligne, sur les axes quatre triangles, cha- cnn des pentagones contenant un pentagone semblable, chacun des triangles un triangle semblable, à filet noir. Les triangles sont vides. Dans les penta- gones nous voyons quatre oiseaux 3, qui, d'après Artaud, symboliseraient les quatre saisons, et seraient, pour le printemps, une perdrix mangeant des cerises ; pour l'été, un étourneau devant une noix ; pour l'automne, une pintade becquetant une figue ; pour l'hiver, un pic-vert et une petite branche de bois mort 4. L'identification des oiseaux est plausible, quoique Comarmond ne l'accepte pas 5. Quant au symbole, on se sent beaucoup moins disposé à l'admettre : ni les oiseaux ni les fruits ne semblent caracté- 1. Description..., p. 687. 2. 1887, p . 135, n° 18 = 1899, p . 207, n° 19. 3. Le Catalogue sommaire dit avec une double inexactitude : « A chaque angle, dans un espace triangu- laire, un oiseau devant un fruit », et ne mentionne pas le surplus du décor. De même Bazin, Vienne et Lyon gallo-romains, p. 381. 4. 1835, P- 62 : « ... un pic-vert que l'on pourrait prendre pour une perruche, si la branche morte qui l'accompagne n'annonçait la saison rigoureuse ». 5. Pass. cité. Il prétend que les quatre oiseaux sont : une perruche, une autruche, un oiseau de la famille des loriots et un autre de celles des gallinacées.