page suivante »
— 17 — grands terriaux de la ville » *, dans l'axe de la rue de Constantine, l'autre dans l'axe de la rue Grenette, encadrant ce qu'on nomme le Grand Clos de Lyon 3. Le cloître Saint-Just, laissé en dehors de la fortification générale pour ne pas compliquer la défense, et le cloître Saint-Jean ont reçu chacun une enceinte particulière. Quelques poternes pratiquées dans l'épaisseur des murs permettent seules de passer, et les portes de Bourgneuf et de Pierre-Scize s'échelonnent, comme autant de barrières difficiles à franchir, le long de la route qui mène de l'entrée de Lyon vers le nord au pont de Saône ?. Un pareil système de défense suffirait à lui seul pour révéler la misère et les tourments de ceux qui l'ont conçu; mais le spectacle qui se déroule à l'intérieur des murs n'est pas moins suggestif. A part la modeste chapelle de Saint-Thomas élevée sur l'ancien forum de Fourvière vers 1180 4 et le cloître de Saint-Just sur la montagne sainte, les collines, toutes en cultu- res, n'offrent guère comme habitations que des recluseries, c'est-à -dire de petites maisons composées d'une cellule et d'un oratoire où des individus, hommes ou femmes, réputés pour leurs bonnes mœurs, sont admis à vivre des charités de la ville et des particuliers, dans l'isolement et la prière 5. A l'exception de la paroisse Saint-Nizier et de ses alentours immédiats, la presqu'île, malgré la présence de quelques artisans, n'est elle aussi qu'une campagne, exploitée par les religieux des abbayes et les paysans des bourgs (vignerons, jardiniers, laboureurs) 6, à travers laquelle circule la « grande charrière » (la rue Mercière) ; et son caractère rural va s'accentuant au-delà 1. Nommées de 1406 (Arch. mun., Inv., t. II, p. 4). 2. Magnum claustrant civitatis Lugduni. 3. Sur les fortifications de Lyon au moyen âge, voir G. Guigue, les Tard-Venus, Lyon, 1886 ; les Reclu- series deLyon, p. 96, n. 1 ; Vermorel, les Fortifications deLyon au moyen âge, dans Revue Lyonnaise, mars 1881. Il n'y a rien à tirer de L. Niepce, Lyon militaire, qui n'est qu'une maladroite complication. 4. Ecctesia sancti (ou beati) Thome de Forverio (Cartulaire lyonnais, 1.1, n08 217, 223, 285, 421 ', II, n° 575, etc., tous testaments du xm e siècle). On trouve cependant dans un acte du I er juillet 1263 : capellam béate Marie et sancti Thome de Forverio (t. II, n° 617). 5. V. Guigue, les Recluseries de Lyon, dans Bibl. hist. du Lyonnais, p. 74-117. — Sur onze recluseries, six se trouvent sur le versant des collines de la rive droite de la Saône (Saint-Epipoy, Sainte-Marguerite, Saint- Barthélémy, Sainte-Marie-Madeleine, Saint-Martin des Vignes, Saint-Clair-sous-Sainte-Foy), quatre sur le versant ou au pied de la Croix-Rousse (Saint-Vincent, Saint-Marcel, Saint-Sébastien, Saint-Clair-du- Griffon), une à Ainay (Sainte-Hélène). 6. V. en appendice, les Bourgs lyonnais. Rev. Lyon. 2