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Silvain ; ce serait peut-être un bacchant quelconque. Pourquoi tient-il une
palme ? Comment son bras, étendu au-dessus du satyre vers le « personna-
ge de gauche », pourrait-il faire le geste d'indiquer à l'Amour et à ce satyre
que ce personnage est juge « de leur différend », puisqu'il n'y a pas entre eux
de différend, puisque l'Amour accorde la faveur que le satyre demande ?
Comarmond a négligé ces deux difficultés. Dans l'herme, non « coiffé du
pétase ailé », il refuse de reconnaître Mercure « plutôt qu'une autre divini-
té », par exemple le dieu Terme. Puis, à cause de « ses mamelles volumi-
neuses », il préfère l'identifier avec Hermaphrodite. Mais ce choix n'est pas
définitif. « Ne pourrait-on pas avancer que c'est une figuration du dieu
Priape, dont les ailes de l'Amour masquent le bas de la ceinture et cachent
le caractère spécial ? ».
      L'influence de Comarmond, heureusement très atténuée, persiste —
j'ai souligné les mots qui en marquent la trace — dans les brèves notices du
 Catalogue sommaire des Musées et de l'Inventaire des Mosaïques, où d'ailleurs
les deux adversaires sont bien identifiés. Voici l'essentiel de la première :
« Mosaïque dite du Combat de l'Amour et du dieu Pan... Cette belle
mosaïque se compose de trente-six caissons... autour d'un tableau central
représentant la rencontre de l'Amour et de Pan, en présence d'un Terme et
de Silvain.. » ; et de la seconde : « Au centre, carré avec lutte de l'Amour et
du dieu Pan devant un terme et Silvain ». On s'étonne de lire encore, dans
l'une et dans l'autre, comme aussi dans celle de Steyert r , Silvain au lieu de
Silène. La confusion de ces deux personnages mythologiques n'est plus
permise aujourd'hui. Qu'il s'agisse en l'espèce de Silène et non de Silvain,
d'un hermès et non d'un terme, de Pan et non d'un satyre, de l'Amour et
non d'un génie quelconque, l'étude approfondie et comparative 3 des nom-
breux monuments, fresques, mosaïques, bas-reliefs, pierres gravées, qui
représentent la même scène, a supprimé toute incertitude sur ces identifica-

     i. Steyert, au surplus, définit très bien le sujet : « lutte de l'Amour et du dieu Pan ». Pour l'interprétation
symbolique, il s'inspire à la fois de Spon (troisième hypothèse) et d'Artaud (dernière hypothèse) : r Cette
allégorie indique que l'Amour rivalise avec les forces de la nature ou triomphe de tout... » (Ouv. et pass.
cités).
     2. Voir O. Iahn, Ueber ein romisches Deckengemalde des Codex Pighianus, dans Berichte... der K. sâch-
sischen Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig; Philol. histor. Classe; 21, 1869, p. 1 et suiv. ; O. Bie,
Ringkampf des Pan und Eros, dans Jahrbuch der k. d. archaeol. Instituts, IV, 1889, p. 129 et suiv. ; Wernicke,
dans Roscher, Lexikon der gr. und rom. Mythologie, III, 1, col. 1456 et suiv.