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figurés tous les monuments, toutes les maisons et toutes les rues J . Or,
ce qui frappe quand on considère ces deux vues, c'est que, s'il n'y a
rien de changé pour le moment sur les collines et dans cette plaine d'Ainay,
à l'extrémité de laquelle le Rhône et la Saône « se joignent par un baiser
perpétuel » 3, il s'est produit, en revanche, une accumulation prodigieuse
de constructions dans toute la partie septentrionale de la presqu'île.
Là où cent ans auparavant il n'y avait, en dehors des enclos des cou-
vents, que quelques fermes avec leurs dépendances, apparaît mainte-
nant toute une ville neuve percée de rues entièrement construites, tracées
parallèlement ou perpendiculairement aux fleuves, et dont la plupart se
sont perpétuées jusqu'à nous en conservant leurs noms : du nord ati sud,
les rues du Palais-Grillet, du Puits-Pelu, de Grôlée ; de l'ouest à l'est, les
rues Petestroit, Mulet, Neuve, Gentil, de la Grenette, Tupin, Ferrandière,
Thomassin. Remarquable est le nombre de barques amarrées dans les
ports de la Saône pour permettre de traverser le fleuve à toute heure, parce
que « c'est ici l'usage des gens qui trouvent cette voie plus commode et
plus expéditive » 3 ; remarquable le nombre des moulins flottants sur le
Rhône, approvisionnés par les nouvelles Halles de la Grenette, et tellement
rapprochés les uns des autres qu'ils ne peuvent plus fonctionner, ce qui
provoque les doléances des meuniers auprès des autorités consulaires 4. On
peut dire que le plan scénographique illustre d'une manière saisissante la
délibération du consulat de 1542, et si le peu de soin que son auteur a
attaché aux détails de l'architecture des maisons ne permet pas d'apprécier

      1. La vue de Bernard Salomon se trouve dans de la Saussaye, Eglogue de la vie solitaire, Lyon, 1547 ;
celle de du Cerceau n'est connue que par un exemplaire qui est à la Bibliothèque nationale ; le Plan scéno-
graphique, dont l'original en 25 feuilles est déposé aux Arch. mun., a été reproduit en fac-similé par Séon et
Dubouchet, en 1872-1876, et il en a paru dès 1575 une excellente réduction exécutée par les soins de Georges
Braun, archidiacre de Cologne. —Sur ces plans, et sur les plans de Lyon en général, consulter Grisard, Notice
sur les plans et vues de la ville de Lyon, in-8° ill., Lyon, 1891, et Marius Audin, Bibliographie iconographique du
Lyonnais, t. II, fasc. 1. Plans et vues générales, in-8° ill., Lyon, 1910. Il n'y a lieu de tenir compte, au point de
vue strictement documentaire, ni des vues fantaisistes de la Chronique de Nuremberg de 1493 et de Sébastien
Munster de 1544, ni des gravures dérivées de la vue de du Cerceau et qui ont pour auteurs Jérôme Cock et
Balthazard Bos (1550), Arnoullet (1553), Jean d'Ogerolles (1564), Boisseau (1644).
    3. M. Audin, la Vue d'Ogerolles, dans Revue d'hist. deLyon, 1910, p. 48.                     ^jf***"
     3. Voyage de Jean Second en 1534, dans Breghot du Lut, Nouveaux mélanges biographiques littéraires
pour servir à l'histoire deLyon, Lyon, 1829-31, p. 93.
    4. Arch. mun., BB 73, f° 224 r . Vermorel, Histoire des maisons situées sur le coté sud de la rue Grenette,
Arch. mun., ms., p. 4-5. Cf. M. Audin, Nos vieux Moulins du Rhône, p. 18-19.