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vent des serfs, des colons, des tenanciers, astreints à des dîmes, « corvées,
usages et servitudes » 1 . Dirigés par les moines, ces ouvriers de la première
heure consolident le terrain boueux où ils sont établis ; favorisés par l'ap-
port fluvial, ils dessèchent les bras qui le morcellent, rejettent le confluent
« à la tête de l'île des Réguliers » située à « la queue d'Ainay »3 ; puis, sur le
terrain ainsi conquis, ils créent des vergers, plantent des vignes. Celles-ci
prennent alors à Lyon une importance qu'on ne soupçonne guère aujour-
d'hui ; on ne les rencontre pas seulement sur le flanc des collines qui envi-
ronnent la ville, coteau de Sainte-Foy, colline de Fourvière, côte Saint-
Sébastien, territoire du Griffon, mais presque tout le long de la rive gauche
de la Saône où vieilles vignes et « plantiers » forment, depuis Serin jusqu'à
Ainay, une bande à peu près ininterrompue 3.
     Cependant, aux artisans de ce dur labeur il faut des abris, pour eux,
pour leurs outils, leurs récoltes. Ils bâtissent donc des maisons, générale-
ment autour des puits où ils pourront aisément trouver de l'eau : le puits
de Malconseil, le puits de la Luyserne, le puits Ranco et, le plus fameux
de tous, le puits Pelu 4. Ainsi se créent de petits groupements humains, dési-
gnés dans les chartes sous des noms différents : terre, bourg (vicus ou bur-
gus), maisons, mais qui signifient une seule et même chose, et dont plusieurs
portent le nom des puits qui en sont le pivot : Malconseil, la Luyserne, les
Allards ou Ollards, le Bessal ou les Bessarts, le Petestroit, les Bourgs de
Seyne et de Saint-Vincent 5. Chacun de ces groupements a sa rue (via,
      i. Corvatas et aliajura usagia et servitutes necnonjura directi dominii. (Grand Cartulaire d'Ainay, t . 1 ,
n° 137).
      3. Usque ad caput insuie regulariorum (Grand Cartulaire d'Ainay, t. I, n° 190, acte du 17 nov. 1364 ;
137, acte de 1349). Usque ad caudam Athenacensem ; versus caudam Athenacensem (t. I, n° 183, acte du
3 janvier 1338 ; 346, acte de 1360.— Ces expressions indiquent bien qu'au milieu du xm e siècle le confluent
était à Ainay. Peut-on préciser davantage ? Si on dépouille les cartulaires d'Ainay, on remarque que la
dernière charte où l'abbaye d'Ainay est placée dans une île remonte à 1070 environ (Petit Cartulaire d'Ainay,
n° 176) et que depuis 1106 on ne trouve plus que l'expression beati Martini Athenacense monasterium ou
monasterium Athanacense lugdunense (Grand Cartulaire d'Ainay, 1.1, n° 10). Et cela pourrait donner à
penser qu'Ainay cessa d'être une ile entre 1070 et n 06 ; mais l'état incomplet de la documentation ne permet
pas de poser une conclusion aussi ferme.
      3. Voir en appendice, les Bourgs lyonnais.
      4. Versus puteum de Mauconseil (Cartul. lyonnais, II, n° 518 ; Obit. de Saint-Pierre, p. 62). Juxta
puteum de Luiserna (Obit. de Saint-Pierre, p. 65). Prope Puteum Pilosum (Obit. de Saint-Pierre, p. 54,
n. 1). Juxta puteum Burgi Novi (Polyptique de Saint-Paul, p. 19).
      5. Vicus Malconseil (Cartul. lyonn., t. II, n° 518, mai 1355). Vicus qui fuit Olardorum.... Vicus qui vulga-
liter nuncupatus est Olardorum (t. II, n° 633, août 1264; 768, ann. 1381). Vicus de Pet Etreis (Obit. de Saint-
Pierre, p. 60, 61). Vicus sancti Vincentii lugdunensis (Cartul. lyonnais, II, n° 719, 2 août 1375). Burgus de