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part et d'autre du pont de Saône le château de Pierre-Scize et les églises de
la ville, a un caractère nettement symboliquel ; il n'y a pas davantage de
données statistiques qui permettent de fixer le chiffre de la population 2. Il
ne paraît pas douteux cependant que, vers le milieu du quinzième siècle,
Lyon n'ait été qu'une petite ville dont les habitants, fatigués de lutter
contre un fleuve rebelle et contre les maux de la guerre, hantés par le péril
extérieur, se blottissaient apeurés derrière leurs murailles.
      Pour garantir leur sécurité, ils ont construit, depuis 1358, sur la rive
droite de la Saône, une puissante enceinte destinée à remplacer celle des
Romains écroulée, et qui suit à peu près le même tracé. Entre la porte du
Pont Levys et la porte de Trion, son front principal forme la muraille de la
Retraite ; les murs crénelés sont renforcés par des tours rondes ou carrées,
bordés de fossés et munis d'un chemin de ronde 3. Mais la protection de la
ville ne tient pas tout entière dans cet ouvrage ; il en existe d'autres plus
anciens. Du Rhône à la Saône, les « vieux fossés» (veterafossata)* barrent
l'accès de la colline Saint-Sébastien, la Croix-Rousse d'aujourd'hui, et,
parallèlement, deux autres fossés bordés de murs ont été creusés, l'un, « les

      1. MM. Grisard et Vermorel ont cherché à reconstituer cependant le plan de Lyon dans la seconde moi-
tié du XIVe siècle, et les résultats auxquels ils ont abouti, encore que discutables, sont intéressants. Le plan de
Grisard, dressé sur les indications de M. Guigue, a été fréquemment reproduit (Bibl. hist. du Lyonnais,
p. 73; C. Guigue, les Tard-venus, p. 194 ; L. Niepce, Lyon militaire, p. 56), et c'est lui que nous donnons
avec quelques modifications appropriées. Celui de M. Vermorel, déjà cité, p. 8, n. 3, est resté manuscrit.
Son auteur l'a daté de 1350 ; mais comme il s'est servi pour le compléter des nommées de 1493 et du plan
scénographique de 1550, c'est-à-dire de documents séparés par un écart d'un siècle et demi à deux siècles,
on voit qu'il convient de l'utiliser avec discernement.
     2. Dans deux articles de Lyon-Revue (t. IV et V, années 1883-1884), intitulés : la Liste du Serment de
1320 et le Rôle des Aisés en 1389, M. de Valous a cherché à déterminer le chiffre de la population de Lyon en
1320 d'après le serment qui fut prêté alors à Philippe le Bel, et en 1389 d'après le rôle des aisés établi à cette
date. Comme le nombre des Lyonnais qui prêtèrent le serment est de 3.000, ce qui ferait 3.000 feux, et
comme on admet généralement que le feu est de cinq personnes, M. de Valous conclut à 15.000 habitants ;
mais comme il ne s'agit que des chefs de famille payant l'impôt foncier, il croit pouvoir tripler ce chiffre ; en
ajoutant encore 5.000 religieux, il trouve donc pour 1320 50.000 habitants. En 1389, par suite de la guerre et
des épidémies, il n'y a plus que 1.470 familles aisées, ce qui fait, toujours à raison de 5 personnes par feu,
7.370 habitants ; M. de Valous triple encore le chiffre, ajoute 4.000 religieux, et cela fait environ 30.000 ha-
 bitants. Ces calculs sont ingénieux, mais ils reposent sur l'hypothèse que les aisés représentaient seule-
ment le tiers de la population civile, et cette hypothèse n'est point démontrée. Etant donné que la popu-
lation de la paroisse Saint-Nizier en 1347, évaluée par M. G. Guigue d'après les décès, n'était que de
2.296 habitants (Inventaire du trésor de Saint-Nizier. Liste des sépultures de la paroisse, 1346-1348, p. XII-
XIII, Lyon, 1899) ; il y a même lieu de penser que les chiffres de M. de Valous sont très exagérés.
      3. Fossalia, terrallia, mûri et crenelli (Biblioth. hist. du Lyonnais, p. 97, note).
      4. Vetera fossata a Sagona usque ad Rodanum (Grand Cartul. d'Ainay, 1.1, n° 217, acte du 24 avril
 1380). Veteralibus terraliis que sunt versus sanctum Sebastianum (Cartulaire desfiefs,n° 57, acte de 1356).