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      Blouët était en mer quand le courrier annonçant la décision arriva en
Grèce. Son exploration avait donc été rapide. Vietty se montre assez dur
pour lui :
      « M. Blouët, chef de la section d'architecture, se vante à tort dans un
journal d'avoir découvert tous les monuments du Péloponèse. J'ai remis à
M. le baron Cuvier, président de la commission, un catalogue de villes et de
monuments que j'ai découverts et mesurés longtemps après le départ préci-
pité de M. Blouët, dont je connaissais l'itinéraire en Morée, et qui n'a
dessiné que ce qui était connu. Cette prétention de sa part n'est pas mieux
fondée que celle de vouloir accaparer dans ses attributions d'architecture
l'archéologie, lorsque ni lui ni aucun de ses collaborateurs ne sait un mot de
grec ancien ou moderne, ni même de latin » (21 février 1832).
      Dans tous les cas, il songe à publier son ouvrage, puisque, pour le faire
paraître, il a recours aux bons offices de Dugas-Montbel et de M. de Bel-
leyme.
      Cet ouvrage ne devait jamais voir le jour. Le plan en est approuvé par
Hase, Raoul-Rochette et Champollion. Il avait été bien entendu que « cet
ouvrage, devant représenter intégralement la section d'archéologie, l'auteur
devait non seulement y insérer ses dessins relatifs à cet objet, mais aussi y
réunir les travaux analogues, tels que les mémoires d'Edgar Quinet et
autres ». Voilà ce qu'il écrit en 1834 ; on est déjà loin du délai qui lui avait
été accordé en 1832.
      Plus il attend, plus son plan se développe et s'étend à l'infini : « J'ai
pensé, dit-il au ministre, être plus utile encore à la science et bien interpréter
l'intention du gouvernement en expliquant le sens intellectuel, caché depuis
si longtemps, de la poésie, de la religion et des arts de l'ancienne Grèce, que
je ne l'avais été en retrouvant sur son territoire beaucoup d'édifices, de
villes, de localités célèbres, restés inconnus depuis Pausanias. Mon Pélopo-
nèse se recommande à votre bienveillance et à vos lumières. J'ai travaillé
six années, dedans et dehors, afin de mieux connaître l'Hellade, cette perle
du monde » (24 juin 1835).
      Ce témoignage est confirmé par le sous-préfet de Villefranche, Blot,
dans une lettre adressée au ministre : « Il a embrassé l'histoire de l'art tout
entière, et, se rattachant d'une manière plus spéciale au sens caché des