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— 84 — Blouët était en mer quand le courrier annonçant la décision arriva en Grèce. Son exploration avait donc été rapide. Vietty se montre assez dur pour lui : « M. Blouët, chef de la section d'architecture, se vante à tort dans un journal d'avoir découvert tous les monuments du Péloponèse. J'ai remis à M. le baron Cuvier, président de la commission, un catalogue de villes et de monuments que j'ai découverts et mesurés longtemps après le départ préci- pité de M. Blouët, dont je connaissais l'itinéraire en Morée, et qui n'a dessiné que ce qui était connu. Cette prétention de sa part n'est pas mieux fondée que celle de vouloir accaparer dans ses attributions d'architecture l'archéologie, lorsque ni lui ni aucun de ses collaborateurs ne sait un mot de grec ancien ou moderne, ni même de latin » (21 février 1832). Dans tous les cas, il songe à publier son ouvrage, puisque, pour le faire paraître, il a recours aux bons offices de Dugas-Montbel et de M. de Bel- leyme. Cet ouvrage ne devait jamais voir le jour. Le plan en est approuvé par Hase, Raoul-Rochette et Champollion. Il avait été bien entendu que « cet ouvrage, devant représenter intégralement la section d'archéologie, l'auteur devait non seulement y insérer ses dessins relatifs à cet objet, mais aussi y réunir les travaux analogues, tels que les mémoires d'Edgar Quinet et autres ». Voilà ce qu'il écrit en 1834 ; on est déjà loin du délai qui lui avait été accordé en 1832. Plus il attend, plus son plan se développe et s'étend à l'infini : « J'ai pensé, dit-il au ministre, être plus utile encore à la science et bien interpréter l'intention du gouvernement en expliquant le sens intellectuel, caché depuis si longtemps, de la poésie, de la religion et des arts de l'ancienne Grèce, que je ne l'avais été en retrouvant sur son territoire beaucoup d'édifices, de villes, de localités célèbres, restés inconnus depuis Pausanias. Mon Pélopo- nèse se recommande à votre bienveillance et à vos lumières. J'ai travaillé six années, dedans et dehors, afin de mieux connaître l'Hellade, cette perle du monde » (24 juin 1835). Ce témoignage est confirmé par le sous-préfet de Villefranche, Blot, dans une lettre adressée au ministre : « Il a embrassé l'histoire de l'art tout entière, et, se rattachant d'une manière plus spéciale au sens caché des