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Ainay est donc postérieur à Saint-Pierre dont on connaît des abbesses, au moins de
nom, dès le vn e siècle (Guigue, Obituaire de l'abbaye de Saint-Pierre de Lyon du IXe au
XVe siècle, Lyon, 1880, Introd., p. XIII-XV) ; mais l'histoire de Saint-Pierre ne
commence guère à s'éclaircir qu'au IXe siècle (Coville, Une visite à l'abbaye de Saint-
Pierre en 1503, dans Revue d'Histoire de Lyon, 1913, p. 241).
     Quelle était, vers le Xe siècle, c'est-à-dire au moment où les deux grandes abba-
yes lyonnaises sont entrées dans l'histoire, l'étendue de leurs domaines respectifs i
Il m'a semblé que l'on pouvait admettre, en se fondant sur des textes postérieurs,
qu'elles se partageaient le confluent, exception faite de la paroisse Saint-Nizier et de
quelques parcelles relevant de l'archevêque ou du chapitre, et que l'ancien bras du
confluent leur servait originairement de frontière. Voici mes preuves :

     ABBAYE D'AINAY.     — Les documents, assez tardifs d'ailleurs, qui mentionnent
les possessions de cette abbaye situées à Lyon même (Bulles pontificales des 26 fé-
vrier 1153 et 17 novembre 1250, dans le Grand cartulaire d'Ainay, t. L nos 6 et 34) em-
ploient une formule vague et dont il n'y a rien à tirer : locum in quo ipsum monaste-
rium situm est ; mais on peut suppléer à leur silence par les textes suivants dont le
rapprochement prend une signification très nette :
      i° Les bulles pontificales susdites affirment que la juridiction temporelle de
l'abbé d'Ainay s'étend sur l'église Saint Michel (ecclesiam sancti Michaelis Lugdunen-
sis), située entre l'abbaye et la Saône.
      2° Lorsqu'est entreprise la construction du pont de la Guillotière, vers 1180,
l'abbé d'Ainay cède, moyennant un certain cens, duas areas in ripa Rodani pour
l'œuvre du Pont (Grand Cartul. d'Ainay, 1.1, n° 28), là où s'élèvera la chapelle Saint-
Nicolas t. I, n os 73-85) ; puis, quand le pont du Rhône se rompt, l'abbé d'Ainay
assure le transbordement par bateaux des voyageurs et des marchandises (t. II, n° 46,
acte du 6 avril 1327).
     3 0 En 1349, l'abbé d'Ainay se fait reconnaître le droit d'épaves (inventiones in
quibuscumque rébus) et les droits à percevoir sur la pêche et sur les moulins (emolu-
mentum piscationis ; emolumenta molendinorum existentium in 'Rodano), d'une part
sur le Rhône « jusqu'à la tête de l'île des réguliers de Saint-Irénée », d'autre part sur
la Saône « jusqu'à la porte de la maison de la Franchiserie•»,c'est-à-dire aux environs
du pont actuel de l'Archevêché (Grand Cartul. d'Ainay, 1.1, n° 137).
     40 Lors de la vente du tènement de Bellecour, le 16 mars 1370, par les héritiers de
Jean de Varey à Jean le Viste, l'abbé d'Ainay déclare en propres termes ratifier les
accords conclus, quantum partem nostram et directum nostrum dominium concernunt
 (Grand Cartul. d'Ainay, 1.1, n° 28).
     5° Les Templiers tiennent d'Ainay leur vigne (Gr. Cart. d'Ainay, t.1, n° 186), et
les Célesrins qui prennent leur place sont « movant del'abbé d'Esnay sous le serviz de
VI francs » (cf. Fondation du monastère des Célestins, par Claude Berchier, p. 29). De
même, leurs voisins les Jacobins sont établis sur un tènement d'Ainay (cf. p. 11, n. 5).