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— 9— savons que la foi religieuse pénétra de bonne heure l'âme des Lyonnais et qu'au moment où, sous la poussée hongroise, leur ville se déplaçait vers l'est, ils avaient construit leurs premières églises et leurs premiers monastè- res. Alors déjà Saint-Irénée et Saint-Just couronnaient « la montagne sain- te » ; le long de la rive droite de la Saône se succédaient Saint-Georges, Saint-Jean, Saint-Etienne, Saint-Paul ; sur la rive gauche était Saint-Ni- zier ; entre le Rhône et la Saône, les abbayes d'Ainay et de Saint-Pierre se partageaient le reste du confluent *. Ce fait a eu des conséquences considérables. D'abord, les églises pri- mitives, humbles basiliques bâties sur des cryptes obscures où s'accom- plissaient d'étonnants miracles, ont été remplacées par de belles églises, romanes ou gothiques : Saint-Martin d'Ainay, consacré le 27 janvier 1106 par le pape Pascal II ; Saint-Paul, rebâti vers la même époque par les soins de l'archevêque Hugues de Die ; Saint-Pierre, entrepris au milieu du xn e siècle et poussé activement grâce à des quêtes fructueuses ; la cathédrale Saint-Jean, reconstruite à l'instigation de l'archevêque Guichard depuis 1165 environ; Saint-Nizier, refait à partir de 13032. Donc Lyon s'est embelli. Ensuite et surtout son territoire s'est étendu à travers le confluent. Le mouvement d'extension commence avec la création, autour de l'église Saint-Nizier, d'un quartier commerçant identique au vieux quar- tier romain de la rive droite de la Saône et la construction d'un pont de pierre, établi sur ce fleuve entre 1050 et 1167 en utilisant les rochers qui émergeaient de son lit, précisément devant Saint-Nizier. Mais c'est surtout le travail monastique qui fait merveille. Les abbayes d'Ainay et de Saint-Pierre ne sont pas en effet des lieux consacrés uniquement à la prière et à la méditation, pas plus qu'elles ne présentent l'aspect de majestueuses bâtisses régulièrement disposées. Comme tous les monas- tères soumis à la règle de Saint-Benoît, ce sont de vastes exploitations agri- coles et industrielles organisées pour suffire à tous les besoins des religieux et religieuses, composées de maisons de toutes dimensions, disposées sans aucun plan, séparées par des cours, des jardins, des champs, et que culti- 1. Voir en appendice, V Origine des églises et des abbayes lyonnaises. s. L'Art à Lyon et dans la région lyonnaise (public, de la Soc. des Etudes locales, section lyonnaise, fasc. II, 1914), p. 46,74,88.