page suivante »
— 86 — TAttique et de Thèbes. Il ne me fallait que les frais du transport au Pirée et un bâtiment de l'Etat pour transporter tant de magnifiques débris de l'art le plus exquis au musée de Paris. Mais depuis longtemps le gouvernement m'avait abandonné, et ces chefs-d'œuvre orneront le musée de Munich. J'atteste à cet égard Joussouf Bey, commandant d'Athènes et de la Livadie, qui m'en fit la proposition en 1830 ; 30 que, dans l'intérêt bien entendu de la commission, j'ai voyagé à mes frais plus de deux ans après le départ de mes collègues ; que j'ai découvert beaucoup de villes et de monuments inédits, découvertes dont le catalogue abrégé a été imprimé à Berlin en 1832, la conduite de mes collègues m'ayant engagé, d'après l'avis de mes amis, à préférer dans cette circonstance Berlin à Paris. « Le gouvernement a toujours été trompé à mon égard. J'ai été indigne- ment calomnié auprès de lui depuis mon arrivée dans la Grèce. En vain j'ai fait tous mes efforts ; je me suis endetté pour que l'ouvrage sur la Grèce fut le pendant de celui de l'Egypte, j'étais seul contre tous, pauvre, sans clien- tèle. L'on n'a écouté ni ma voix ni celle du chef militaire de l'expédition Sebastiani, dont l'esprit élevé, appréciant la dignité de notre mission ainsi que mes travaux, a vainement réclamé pour moi dans l'intérêt de la com- mission. Les hommes qui dirigeaient l'entreprise, après quelques mois de séjour, se sont hâtés d'abandonner la rude investigation de la Grèce pour courir à Paris faire exalter leurs minces travaux et crier contre le bon servi- teur qu'il ont fait délaisser, lorsque lui seul, selon le chef de l'armée et tous les officiers, lui seul faisait son devoir. « Qu'est-il résulté de ces cabales ? Ce que nous avions prévu sans pou- voir l'empêcher, un ouvrage incomplet, décousu, indigne d'une grande nation, et que le luxe des gravures, très infidèles sous le rapport du paysage et de la topographie, ne sauvera pas. Il est arrivé que la Bavière, profitant de nos travaux, s'empare de l'ouvrage européen de la Grèce, ce qu'elle n'eût jamais osé faire si l'on m'eût écouté. Cependant tout n'est pas perdu. Mes collègues ont fait quelques travaux utiles pendant leur trop court séjour dans la péninsule. Pour moi j'ai voyagé et travaillé pendant trois ans dans cette contrée avant l'arrivée des Bavarois. Je revendiquerai d'après le jour- nal de Berlin, si la Bavière se les approprie, ainsi que Gordon a voulu le faire de l'Hiéron d'Arga.