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  institue quatre foires franches de toutes impositions dont chacune durera
  « quinze jours entiers ouvrables et continuels sans interruption ». Les mon-
  naies de tous pays auront cours durant ces foires « pour leur juste prix et
  valeur », et les étrangers, à l'exception des Anglais, pourront « tenir à Lyon
  train de change public, prendre et remettre leur argent par lettre de change,
  ... tester et ordonner de leurs biens ainsi que bon leur semblera..., comme
 il eut été fait et ordonné es lieux dont ils sont natifs » *.
        Suivons de déduction en déduction cette prévoyante ordonnance, dont
 les effets sur le développement de Lyon vont être aussi grands que jadis
 ceux du christianisme.
        Selon la volonté royale, les foires de Lyon ne seront pas seulement des
 réunions internationales où accourront à date fixe des marchands de toute
 l'Europe pour « y mettre leurs biens et marchandises » ; elles deviendront
 aussi le marché français des changes. Donc, par une conséquence logique,
 Lyon, ville des foires, deviendra la ville de la banque. Or les grands ban-
 quiers du monde, ce sont alors les Italiens et surtout les Florentins. Dès
 1466, ceux-ci quittent Genève où ils ont demeuré tant que les foires y
 fleurissaient, et ils arrivent à Lyon. Ils sont quinze en 1466, quarante-six
 en 1502. Et ils n'arrivent pas seuls : ils sont suivis par des Milanais, des
 Lucquois, des Génois, des Flamands, des Suisses, des Allemands dont un
 est resté célèbre par la légende formée autour de son nom, Jean Cleberger,
le banquier de François I er et le prétendu Homme de la Roche. Parmi ces
étrangers, il en est qui, la foire finie, rentrent chez eux ; mais beaucoup,
séduits par les avantages que leur offre le roi de France, demeurent « hors
foire », comme on dit alors, ce qui signifie qu'ils s'installent à Lyon avec
leur femme, leurs enfants, leurs employés, leurs serviteurs, y forment des
nations qui ont leurs magistrats, des confréries religieuses qui ont leur
siège dans les églises de la ville, aux Cordeliers, aux Augustins, aux Céles-
tins» Beaucoup même s'habitueront si bien à leur nouveau séjour qu'ils ne
partiront plus et deviendront finalement de parfaits Lyonnais 2.

   1. Recueil des Ordonnances des rois de France, t. XV, p. 571-573. Cf. M. Brésard, les Foires de Lyon aux
xv et xvi' siècles, Lyon, 1914.
   2. Sur cet afflux de banquiers italiens et allemands à Lyon, voir Bonzon, la Banque à Lyon aux XVIe,
xvm et xviii' siècles, dans Revue d'histoire de Lyon, 1902-1903 ; Rouche, la Nationflorentineà Lyon au corn-