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tenez le rameau d'olivier et de l'aultre la corne d'amalthée. Ce n'est poinct
 un traict descoché du courroux et de l'indignation de Notre Bon Roy que
l'envoy de ceste compaignie ; c'est plus tost ung effect de ceste clémence
 que Sa Majesté a succé avec le laict de tant d'aultres vertus royalles qui le
rendent aymable aux siens, redoutable à ses ennemis et admirable à tous.
 Le lion couché qui est eslevé sur le portail de la grand chambre de vostre
grand temple de justice est ung symbole du naturel de Notre Roy qui scait
parcere subjectis et debellare superbos. Et ce Lyon que vous visitez est tout
cousché, son poil raplany, ses ongles esmoussés, sa gueule est fermée ; il
attend avec humilité ceux que le roy géant qui l'a dompté, qui est son
maistre, lui envoie, pour le traicter, pour le manier, pour le guérir. Quant à
nous, nous ployons nos voluntez soubz son commandement, nostre aucto-
rité soubz la vostre, nostre dignité sous vostre pourpre et nous offrons nous-
mesmes pour vous rendre l'honneur la révérence l'obéissance et les très
humbles services que nous vous debvons ».
       La compagnie que Balthazar de Villars saluait en de tels termes était
composée des plus célèbres magistrats du temps. Messire Pierre Forget,
sieur de Fresnes, son président, était secrétaire d'Etat depuis 1589. Henri
III l'avait envoyé comme ambassadeur auprès de Philippe II d'Espagne,
pour détourner ce prince de l'appui qu'il prêtait à la Ligue. L'aide qu'il
apporta à Henri IV pour résoudre la crise religieuse fut des plus efficaces ;
il fut le rédacteur, sinon l'inspirateur, de l'édit de Nantes. Antoine Séguier,
l'avocat du roi, était le fils du fameux Président Séguier. Diplomate de
premier ordre et grand libéral, il s'était fait le champion des droits de la
couronne et des libertés gallicanes. Il avait aidé le duc d'Epernon dans son
administration de la Provence et gagna l'admiration de tous les partis par
son attitude courageuse lors de la peste qui décima cette province. Il devait
finir sa carrière comme ambassadeur de la France auprès de la République
de Venise. Jean Dutillet, sieur de la Bussière, le greffier du Parlement de
Paris, était un remarquable historien dont les ouvrages sur la guerre des
Albigeois, les libertés de l'église gallicane, l'intelligence de l'état et les
affaires de France, rédigés d'après les titres authentiques sont encore du
plus grand intérêt. Tous les autres dont les noms sont cités dans la lettre
patente du 4 mai ont laissé un nom célèbre dans l'histoire judiciaire de la