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     L'histoire des origines de Lyon ne se présente donc pas sous l'aspect
d'une évolution harmonieuse et paisible, ainsi qu'on a tendance à l'imagi-
ner, mais comme un lent, laborieux et parfois douloureux enfantement.

                                                       m
      Quand cette histoire a commencé, il y aura bientôt deux mille ans, il
n'existait, sur l'emplacement que Lyon occupe actuellement, aucune ville ;
seules, quelques cabanes habitées par des pêcheurs ou des paysans gaulois
étaient disséminées dans les îles du confluent et au sommet de la colline de
Lugdunum. Mais, s'il était un peuple capable de comprendre les avantages
de la position de Lyon et d'en profiter, c'était assurément ce peuple romain,
fait de citoyens à l'esprit pratique, ayant le sens du négoce et de l'adminis-
tration, qui, au milieu du premier siècle avant notre ère, devint le maître
incontesté des Gaules. Il lui parut impossible de mieux instituer la capitale
de sa nouvelle conquête qu'au point où se rencontraient les débouchés des
Alpes, de la vallée du Rhône et des routes de la Germanie, et le proconsul
Munatius Plancus créa, l'an 43 avant J.-C, sur la colline de Fourvière, avec
les familles romaines chassées de Vienne, la colonie d'où Lyon est sorti *.
      Pourquoi Plancus choisit-il Fourvière ? Parce que de cette hauteur
Rome pouvait dominer la contrée ou parce que le sol n'y était pas instable
comme dans les îles, ni exposé aux furieuses attaques du Rhône ? Peut-être
pour ces deux raisons à la fois ; mais ce qui est sûr, c'est que pour aucune
ville de Gaule Rome n'eut une tendresse comparable à celle qu'elle mani-
festa pour Lyon. Elle en fit le chef-lieu d'une grande province allant des
bords de la Saône au littoral armoricain. La plupart des empereurs y sé-
journèrent et lui envoyèrent des vétérans qui grossirent de façon notable
le chiffre de sa population. Seule des cités gauloises, Lyon reçut un hôtel
des monnaies où furent frappées les pièces impériales d'or et d'argent, et
une garnison permanente. Commerçants et artisans vinrent nombreux, sé-
duits par tous les avantages qu'ils rencontraient. Les nautes ou bateliers

     1. Pour se faire une idée générale de Lyon romain, consulter Allmer et Dissard, Musée de Lyon. Inscrip~
tions antiques, 5 vol., Lyon, 1888 ; Bloch, la Gaule romaine, dans l'Histoire de France de Lavisse, 1.1, partie II ;
Jullian, Histoire de la Gaule, 6 vol. parus, Paris, 1908-1920.