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tions des maisons qui, après son départ, s'écroulent*. En 1654, sans doute à
la suite d'un nouvel avatar du fleuve qui a brusquement séparé des jardins
d'Ainay le broteau de Confiant, le consulat affecte 45.000 livres aux répa-
rations à faire sur le Rhône pour le contenir dans son lit ordinaire3. D'autre
part, si Lyon a été affranchi, il y a deux siècles, de la guerre anglaise, un
autre péril a surgi, presque aussitôt après, non moins pressant, le péril
espagnol ; car par la colline de la Croix-Rousse et la Bresse, la ville confine
à la Franche-Comté qui vint en héritage à l'empereur Charles-Quint. Et il a
fallu dès 1512 se remettre à la fortification, construire tout le long du vieux
fossé de la colline Saint-Sébastien cette enceinte bastionnée qui sillonne
d'un trait brutal le Plan scénographique, renforcer la grande muraille du
moyen âge d'un ouvrage avancé allant de Loyasse à la porte de Vaise, met-
tre enfin à l'abri des coups de l'ennemi la presqu'île désormais trop peuplée
pour pouvoir être négligée, et à cet effet l'envelopper d'une carapace de
pierre allant de Saint-Clair à l'abbaye d'Ainay, où elle se termine par les
fameux remparts garnis de tilleuls intérieurement, qui sont en même temps
un obstacle opposé aux inondations du Rhône : les remparts d'Ainay. Le
consulat a même fait établir en 1607, par Philippe le Beau, un plan spécial
de la ville destiné à assurer la garde des fortifications et qui en donne pour
cette raison tout le détail 3.
      Ne nous y trompons donc pas. Si les Lyonnais du milieu du xvne siè-
cle appartiennent à une ville renommée dont ils ont le droit d'être fiers, il
s'en faut encore qu'ils aient atteint ce degré de sérénité qui leur permettra
de développer un jour, en dehors de toute contrainte, le territoire de leur
ville. Ils n'osent s'établir ni à Fourvière, ni à la Croix-Rousse trop proches
des murs de défense, ni passer sur la rive gauche du Rhône dont les débor-
dements continuent à leur faire peur, ni même aller jusqu'au bout de la
presqu'île 4. Us aiment mieux s'entasser dans l'étroit espace qu'ils occu-

     1. Sur les exploits du Rhône qui suivirent l'achèvement du pont, voir M. C. Guigue, Recherches sur
l'hôpital Notre-Dame..., p. 93, et dans Nicolay, 0. c , p. 49-50, le récit de l'inondation de 1570 au cours de la-
quelle le Rhône rencontra la Saône devant l'église Notre-Dame de Confort, « chose encore jamais vue ni ouïe ».
     2. Vermorel, Histoire et statistique des voies publiques..., Arch. mun., ms., p. 758 ; M. Audin, le Confluent,
p. 64 et suiv., procès-verbal d'une curieuse enquête faite par devant l'intendant de Lyon le 9 avril 1684,
     3. Ce plan, qui n'a jamais été publié, se trouve aux Arch, mun. Cf. Grisard, o, c, p. 95-97.
     4. Le lotissement d'Ainay aura lieu seulement de 1723 à 1769.