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  sont toutes conjecturales : « Quelques personnes ont travaillé à expliquer
  cet emblème ; mais ces sortes de peintures énigmatiques sont ordinaire-
  ment comme des nés de cire que l'on peut tourner du côté que l'on veut. En
. attendant quelque explication plus plausible... ». Rappelons d'abord les
  noms qu'il attribue aux figures : Herma — « Terme ou Herme » — ; Genius
  — on croirait que c'est « un Cupidon, s'il avait quelqu'une des marques de
  cette divinité ; je le crois plutôt un génie » — ; Satyrus — « un satyre ou le
  dieu Pan » — ; Silvanus. Voici maintenant sa première interprétation : « Il
  semble que l'action de ce génie est d'amener ou d'inviter le satyre qui est
  près de lui à venir adorer le dieu Mercure ou Hermès... Tout doit céder à
 l'éloquence dont Mercure était le symbole ; elle entraîne les hommes à elle
  malgré eux-mêmes ». Quant à Silvain, « qui était un dieu des champs et du
  bestail », sans doute exhorte-t-il le satyre à suivre l'invitation du génie.
  Mais Spon continue : « On pourrait aussi penser que les anciens Romains
 qui ont fait ce tableau voulaient marquer par là le respect qu'on devait avoir
 pour les termes et les limites dont Mercure et Silvain étaient les protecteurs,
 puisque les satyres eux-mêmes étaient contraints d'avoir pour eux de la
 vénération et qu'ils leur venaient rendre hommage les mains liées ». Spon ne
 cache pas sa préférence pour la seconde interprétation. Cependant la meil-
 leure était la troisième, qu'il mentionne dubitativement : « Faut-il penser
 avec certains que le tableau signifie la toute puissance de l'Amour ? Mais
 alors quel est le rôle de Mercure ? ».
       Menestrier I rejette ces trois explications : « C'est un emblème que
 M. Spon n'a pu démêler. Il représente le combat de l'amour lascif et de
 l'amour honnête. Le lascif est représenté par un satyre... L'Hermathène...
 représente la partie supérieure de l'âme ou la raison et l'étude des bonnes
 lettres, comme le Silvain figure le travail corporel, deux moyens de répri-
 mer l'amour lascif..., n'y ayant rien qui porte plus aux passions scandaleuses
 que l'oisiveté ». — Colonia 3 n'a pas d'opinion personnelle ; il juxtapose
 simplement la première explication de Spon et celle de Menestrier : « Il y en
 a qui l'expliquent de la force de l'éloquence à qui tout doit céder et qui est


   i. Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon, 1696, p. 38.
   2. Histoire littéraire..., p. 240.