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de pierre sur la Saône. Dans la même pensée, ils établissent un port et un
bac sur le Rhône qui sont l'origine d'un nouveau bourg, le Bourg ChaninT,
et, le pont de Saône achevé, ils entreprennent, vers 1180, en utilisant un
broteau qui se trouve là tout à point, de remplacer ce bac par un pont.
Enfin, ils réunissent ces deux ouvrages par une grande voie tracée à travers
les couvents et les fermes, peut-être sur l'ancien compendium des Romains,
et qui reçoit naturellement le nom de rue des Marchands (via Mercatoria),
puis de rue Mercière (via de Mercheria) 3.
      Il semble qu'au moment où s'achèvent ces travaux, qui supposent tant
de difficultés vaincues, c'est-à-dire vers le début du XIVe siècle, Lyon accru
en étendue et en population, orné de belles églises, ayant repris sa place sur
les grands chemins de l'Europe, se soit ressaisi et même qu'il soit entré
dans la voie qui lui ramènera son ancienne splendeur. Au milieu du bourg
agricole de la presqu'île qui s'oppose nettement aux quartiers commer-
çants de Saint-Jean et de Saint-Nizier, la Grenette, reliée directement au
Pont du Rhône par une voie passant au Puits-Pelu 3, constitue un véritable
centre économique ; là se trouvent réunis un puits, un four, un poids,
des auberges, le marché aux grains, et leur approche est signalée au loin
par la croix de fer qui surmonte la maison voisine de la Croisette 4. Sur le
Rhône tournent plusieurs moulins, actionnés par son eau rapide 5. Sans dou-
      1. Burgus Caninus; carreria Burgi Canini (Grand Cartul. d'Ainay, 1.1, n° 137, II, n° 28). Cf. Clair Tis-
seur, Sur l'origine du nom de Bourg Chanin, dans Revue lyonnaise, 1881, II, p. 28,116.
     2. BrotelliRodaniaruaMercatoriainlongumusqueadcaput insuie regulariorum (Grand Cartul. d'Ainay,
t-1, n° 190, ann. 1264). Via de Mercheria que tendit ad Rodanum (Cartul. lyonnais, t II, n° 650, mai 1266).
Plus tard seulement, quand elle sera devenue vraiment une rue et que la nécessité s'imposera d'y faire des
distinctions, la rue Mercière se décomposera en rue Mercière, rue Confort, rue Serpillière. Cf. Vermorel,
Histoire et statistique des voies publiques, p. 19, n. 2 ; Obit. de Saint-Pierre, p. 14, n. 5.
     3. Vico tendente a Cruyseta Lugduni apud Putheum Pilosurn (Vermorel, Historique des maisons situées sur
le côté sud de la rue Grenette, p. 38. Arch. mun., vas.). Viam publicam, recta via, per quam itur de Ponte Rodant
versus Putheum pilosurn (Cartul. mun., n° LXXXIX, ann. 1334-1335). La rue Grenette faisait l'angle de la
rue de la Croisette qui menait directement au Puits-Pelu. Carreria Granetariœ faciente angulum carrariœ
Cruysetœ que tendit ad Putheum Pilosurn (Vermorel, 0. c , p. 36).
     4. Sur la Grenette (granateria civitatis lugduni), vrai carrefour (quariffolum) dont l'importance ressort
des registres terriers de 1353, et qui englobait, outre la rue Grenette (magna carreria Granetariœ faciens
angulum ante putheum dictas carreriae,— magna careria albergariœ ante putheum Granaterix) ,\z rue Tupin,
voir les nombreux textes rassemblés par Vermorel, Historique des maisons situées sur le coté sud de la rue
Grenette, Arch. mun., ras., 74 p.
      5. Les moulins du Rhône, qui apparaissent dans les documents d'archives dès 1233, sont signalés
couramment ensuite à partir de cette date. Molendinos Rhodani (Cartul. lyonnais, 1.1, n° 401, acte du 23
juin 1245). Molendinum... situm supra fluvium Rodanum... inter alia molendina civitatis lugdunensis (i e r fé-
vrier 1331). Emolumentamolendinorum existentium in Rodano (Grand Cartul. d'Ainay, 1.1, n° 167, ann. 1349).
Cf. M. Audin, Nos vieux Moulins du Rhône, Lyon, 1918, p. 18 et n. 46.