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LA TERREUR BLANCHE A LYON
SOUS LE DIRECTOIRE
L'ASSASSINAT DE PANCRACE D'ISTRIA
L'histoire des associations terroristes qui, sous les noms de « Compagnons de
Jésus » et de « Compagnons du Soleil», répandirent, après Thermidor, l'effroi dans le
sud-est de la France, n'a pas, jusqu'ici, donné lieu à des travaux d'ensemble poursui-
vis avec méthode et impartialité. Cela tiendrait, à en croire Charles Nodier, à ce
« qu'il n'y a pas un épisode de la Révolution qui ait laissé moins de traces dans les
monuments écrits de cette époque * ». Cependant, depuis que ces lignes furent
écrites, beaucoup de documents ignorés ou cachés ont vu le jour, d'importantes
archives ont été dépouillées et classées, et l'histoire dont nous parlons n'est pas,
semble-t-il, impossible à faire à cette heure. Nous sommes convaincu qu'en l'entre-
prenant on réhabiliterait, en tant qu'historien, le merveilleux conteur que fut le
bibliothécaire de l'Arsenal, lequel fut accusé d'avoir brodé en romancier, alors qu'il
déposait simplement en témoin impartial et avec une émotion qui donne à son témoi-
gnage plus de prix. Pour en fournir une preuve, nous retraçons ici un épisode peu
connu des événements tragiques qui, de l'an III à l'an V, ensanglantèrent la ville de
Lyon.
E]
Le 20 messidor an IV (8 juillet 1796), arrivait en cette ville, venant de Marseille
et se rendant à Paris, un Corse du nom de Pancrace d'Istria. Ce personnage est resté
quelque peu mystérieux : tout ce qu'on sait d'à peu près certain sur lui c'est qu'il
1. Charles Nodier, Souvenirs de la Révolution et de l'Empire, 1831.
Rev. Lyon. 8