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surtout par la présence de Bacchus et d'Ariane, spectateurs attentifs de la
lutte, au centre du second plan. Sur le camée, Ariane tient dans sa main
droite la palme destinée au vainqueur, que porte notre Silène, à la fois
directeur et juge du combat. Ainsi que le nôtre, le Silène du camée et celui
de la fresque occupent la droite, en arrière de Pan ; ils ont le torse nu et les
jambes drapées. Celui-ci tient dans sa main gauche le bâton, insigne de son
autorité, que l'on ne saurait confondre avec la palme, et pose sa main
droite sur la tête de Pan, comme pour le ramener vers soi. Celui-là vient,
ainsi que le nôtre, de donner le signal ; son bras droit, dirigé vers les lut-
teurs, achève le geste dont s'est accompagnée l'invitation orale ; mais ce
bras est armé du bâton. L'hermès de notre mosaïque se retrouve sur le
camée seul, à la même place, à gauche, en arrière de l'Amour. Quant aux
personnages du premier plan, aux lutteurs, ceux du camée se tiennent les
bras étendus l'un vers l'autre ; ils commencent à peine la lutte, en quoi le
groupe ressemble au nôtre ; mais Pan a les deux mains libres. Le Pan de la
fresque a rendu le bras gauche, comme celui de notre mosaïque ; la lutte est
plus avancée ; de sa main droite il saisit l'Amour à la nuque ; il termine le
mouvement commencé par notre Pan dont la main droite n'a pas encore
atteint l'épaule de son adversaire.
      Le camée et la fresque appartiennent à la première des trois catégories
plus haut définies, la mosaïque du Gourguillon à la deuxième. La mosaïque
de Baccano * rentre dans la première ; car la lutte y a un spectateur, un
satyre peut-être. Elle est déjà engagée et l'Amour prend l'avantage ; sou-
riant d'un air malicieux et triomphant, il tient par une corne son rival qu'il
attire à soi et qui, de douleur et de frayeur, écarquille les yeux. Les deux
mains de Pan sont libres ; Silène surveille le combat. Dans la troisième
catégorie, se rangent les deux autres mosaïques de même sujet : la scène y
est réduite aux lutteurs. La mosaïque Michoud 3, découverte à Sainte-
Colombe et conservée au musée de Lyon, ressemble à celle de Baccano, en
ce qu'elle montre aussi la lutte engagée. Mais Pan saisit de la main gauche, à
la tête, son adversaire qui étend les deux bras vers lui sans l'atteindre ; il
paraît avoir momentanément l'avantage. Son bras droit est, non pas atta-
   i. Bulletino dell'Instituto, 1873, p. 133
   2. Artaud, pi. VI ; G. Lafaye, Inventaire des mosaïques, I, n° 199. Voir le chapitre suivant.