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— 59 — surtout par la présence de Bacchus et d'Ariane, spectateurs attentifs de la lutte, au centre du second plan. Sur le camée, Ariane tient dans sa main droite la palme destinée au vainqueur, que porte notre Silène, à la fois directeur et juge du combat. Ainsi que le nôtre, le Silène du camée et celui de la fresque occupent la droite, en arrière de Pan ; ils ont le torse nu et les jambes drapées. Celui-ci tient dans sa main gauche le bâton, insigne de son autorité, que l'on ne saurait confondre avec la palme, et pose sa main droite sur la tête de Pan, comme pour le ramener vers soi. Celui-là vient, ainsi que le nôtre, de donner le signal ; son bras droit, dirigé vers les lut- teurs, achève le geste dont s'est accompagnée l'invitation orale ; mais ce bras est armé du bâton. L'hermès de notre mosaïque se retrouve sur le camée seul, à la même place, à gauche, en arrière de l'Amour. Quant aux personnages du premier plan, aux lutteurs, ceux du camée se tiennent les bras étendus l'un vers l'autre ; ils commencent à peine la lutte, en quoi le groupe ressemble au nôtre ; mais Pan a les deux mains libres. Le Pan de la fresque a rendu le bras gauche, comme celui de notre mosaïque ; la lutte est plus avancée ; de sa main droite il saisit l'Amour à la nuque ; il termine le mouvement commencé par notre Pan dont la main droite n'a pas encore atteint l'épaule de son adversaire. Le camée et la fresque appartiennent à la première des trois catégories plus haut définies, la mosaïque du Gourguillon à la deuxième. La mosaïque de Baccano * rentre dans la première ; car la lutte y a un spectateur, un satyre peut-être. Elle est déjà engagée et l'Amour prend l'avantage ; sou- riant d'un air malicieux et triomphant, il tient par une corne son rival qu'il attire à soi et qui, de douleur et de frayeur, écarquille les yeux. Les deux mains de Pan sont libres ; Silène surveille le combat. Dans la troisième catégorie, se rangent les deux autres mosaïques de même sujet : la scène y est réduite aux lutteurs. La mosaïque Michoud 3, découverte à Sainte- Colombe et conservée au musée de Lyon, ressemble à celle de Baccano, en ce qu'elle montre aussi la lutte engagée. Mais Pan saisit de la main gauche, à la tête, son adversaire qui étend les deux bras vers lui sans l'atteindre ; il paraît avoir momentanément l'avantage. Son bras droit est, non pas atta- i. Bulletino dell'Instituto, 1873, p. 133 2. Artaud, pi. VI ; G. Lafaye, Inventaire des mosaïques, I, n° 199. Voir le chapitre suivant.