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description qui réponde à son éclat» I . L'auteur de Lyon dans son lustre,
ouvrage paru en 1656, Chappuzeau, déclare tout net que « si Lyon ne le veut
pas disputer à un Londres ou à un Paris », il l'emporte en grandeur sur
toutes les autres villes comme le Caire et Constantinople 3. Parmi les agré-
 ments de son séjour, on vante en particulier la promenade de Saint Clair et
surtout la place Bellecour, « spacieuse pour grouper plusieurs régiments,
revêtue d'un gazon tellement vert et épais que l'on croit plutôt fouler aux
pieds ces tapis qu'a inventés la mollesse turque », plantée de grands arbres
à l'ombre desquels « se pratiquent toutes sortes d'honnêtes galanteries ».
Les Allemands accordent à Lyon une place importante dans les traités de
topographie sortis de leurs presses et recherchent avec empressement les
vues des différents aspects de la ville pour les reproduire 3. De Charles VII
à Louis XIV, il n'est pas un roi de France qui n'ait visité Lyon et ne se soit
acheminé, accompagné du corps consulaire, dans les rues décorées d'étof-
fes, de feuillages et de tableaux vivants, de la porte de Vaise ou de la porte
du Pont-du-Rhône jusqu'au cœur de la cité.
      Est-ce à dire que tout soit désormais pour le mieux et que Lyon, entiè-
rement affranchi de la double menace qui avait si lourdement pesé sur lui
au moyen âge, respire librement ? Il n'en est rien. Le Rhône, le vieil ennemi,
a pu être dompté après six siècles de résistance et il a laissé jeter sur ses
eaux un pont qui ne périra plus. Dès qu'il a échappé à l'étreinte des énor-
mes piles qui l'enserrent, il se venge d'autant mieux que son courant a pris
plus de force, et au mépris des « plessières »4 qu'on prétend lui opposer, il se
rue d'un côté sur le faubourg naissant de la Guillotière, de l'autre sur la
queue d'Ainay, « submergeant » les personnes et « détrempant » les fonda-



     1. Journal d'un voyage de France et d'Italie par un gentilhomme français l'année 166i, dans Revue lyonnai-
se, VIII, 1884, p. 345-355-
     a. En frontispice de cet ouvrage se trouve la curieuse figure d'un lion dont le corps sert de cadre à un
plan de la ville.
      3. C'est ainsi que le fameux graveur bâlois Merian, continuant la tradition inaugurée au siècle précé-
dant par l'auteur anonyme de la Chronique de Nuremberg, par Seb. Munster et Georges Braun (cf., p. 24,
n. i), remplit la Topograpkia Gallix de Zeiller de 1657 de nombreuses vues de Lyon dérivées de Maupin et
de Sylvestre. Cf. Grisard, o. c , p. 176 et suiv., et Audin, o. c , p. 33.
    4. Ce sont des digues faites en partie avec des faisceaux de branchages.