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maisons l. Du même coup les bourgs se soudent entre eux, leurs rues se
rejoignent, les maisons rustiques sont remplacées par des maisons de
ville plus hautes et plus vastes, et, comme il ne reste pour ainsi dire plus
de vignes et de jardins que sur la pente des collines et dans les tènements
d'Ainay, les habitants, d'ailleurs séduits par le mirage industriel et les
profits qu'il comporte, se font, pour la plupart, de jardiniers et de vigne-
rons ou de petits artisans qu'ils étaient, taffetatiers, veloutiers, parchemi-
niers, fondeurs de lettres, relieurs, libraires, etc. 2 Et non seulement des
quartiers entiers sont ainsi créés ou transformés dans la presqu'île et le
Bourgneuf, qui ressemblent tout à fait aux anciens quartiers de la ville ;
mais dans le vieux Lyon de la rive droite où les gros changeurs et com-
merçants se sont installés autour de la place de la Draperie, devenue la place
des Changes, et dans la paroisse Saint-Nizier où habitent aussi les nouveaux
riches, ceux-ci édifient somptueusement, à la place des masures du moyen
âge, des corps entiers de maisons neuves.
      Cette extension du territoire habité et de la population de Lyon coïn-
cidant avec de prodigieux embellissements et amenant dans la vie de ses
habitants des modifications profondes, ressort du témoignage des Nom-
mées (c'est-à-dire du recensement cadastral) de 1493 où les maisons quali-
fiées de neuves ou en construction sont extraordinairement nombreuses 3 ;
mais il a frappé aussi les contemporains et ils nous en ont gardé le vivant
souvenir. L'ambassadeur vénétien André Navagero, de passage à Lyon en
1538, écrit : « Lyon est une ville bien peuplée et assez bien construite. La


     1. Pour s'en rendre un compte exact, on peut comparer l'itinéraire des receveurs de tailles de 1386-
99 (Inventaire des Arch. mun., t. III, p. 8) et celui de 1496 (Ibid., t. II, p. 307-308). Bien que le tracé
général reste le même dans son ensemble, on a par l'allongement du texte, la précision plus grande du
détail et l'apparition de nouveaux noms de rues, surtout du « côté de l'Empire », c'est-à-dire dans la
presqu'île, l'impression que des changements profonds sont survenus ; et cependant, en 1496, les trans-
formations sont loin d'être achevées. — Comme itinéraire dans Lyon, voir aussi celui du roi des ribauds
en 1469, dans BibL hist. du Lyonnais, p. 48-49.
     3. Il reste cependant, en 1539, un assez grand nombre de vignerons et aussi de vinaigriers au nord de la
presqu'île, ainsi qu'il résulte des documents relatifs à la Grande Rebeyne. Ils habitent « sur les Terreaux »,
« en l'Arbre-Sec », « près la porte du Griffon », « près la porte Saint-Marcel », près des Carmes ou de Saint-
Vincent, « en la côte Saint-Sébastien » (La grande Rebeyne de Lyon, dans BibL hist. du Lyonnais, p. 363-374).
Ces vignerons cultivent sans aucun doute les vignes qui continuent à couvrir les pentes de la Croix-Rousse.
     3. Vermorel, Plan topographique historique..., p. 3. Pour le détail, voir l'Inventaire des nommées de 1493,
qui contient des textes caractéristiques.