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— 19 — beauté des édifices religieux parmi lesquels se dresse la masse imposante de la cathédrale Saint-Jean, l'ensemble reste pauvre, et ce n'est pas uni- quement pour le plaisir de se plaindre que, dans une lettre adressée à Charles VII, au mois de février 1444, les Lyonnais peignent leur ville « très-petitement peuplée, tant pour cause de mortelles pestilences, stérilités de temps, cherté de vivres, guerres, passages de gens d'armes et autres inconvénients qui puis longtemps en ça sont survenus en ladite ville et pays d'environ, à l'occasion des tailles et impôts mis sus et levés par le fait de guerre, pour l'occasion desquels plusieurs des habitants se sont absentés et sont allés demeurer au pais d'empire » l . C'est cependant au moment même où les Lyonnais poussent ce cri de douleur que leur ville va commencer à renaître et se prépare à redevenir ce qu'elle était au temps des Romains, « l'ombilic de la France entière ». m La cause première du relèvement qui s'annonce dans la seconde moi- tié du XVe siècle et s'affirme vigoureusement au XVIe, c'est la paix, la paix bienfaisante que la cessation de la guerre anglaise a donnée à Lyon comme à toute la France et qui produit, dès l'année 1446, un relèvement de la for- tune publique officiellement constaté dans les Registres consulaires 3 ; mais c'est surtout le fait que les rois de France, dont les relations avec l'Italie et les contrées du Levant ne cessent de grandir, ont compris à merveille les avantages que la position de Lyon présentait au point de vue des échan- ges avec ces pays et y ont transporté les grandes foires de royaume qui avaient lieu précédemment en Champagne. Aux termes de l'ordonnance royale du 8 mars 1462, qui organise défi- nitivement les foires de Lyon, Louis XI, voulant que «les marchands étran- gers aient mieux le courage de vouloir d'eux habiter et résider audit Lyon », 1. Cité dans Lyon et la région lyonnaise, p. 47-48 (public, de la Section lyonnaise de la Société des Etudes locales, I, 1913). Cf., lettre de Charles VII du 3 septembre 1441, où le roi dit des Lyonnais « que pour les mortalité?, sterilitez et guerres qui ont esté au pays, ils sont tournez en très petit nombre et comme au néant de chevances » (Caillet, Etude sur les relations de la commune de Lyon avec Charles VII et Louis XI, p. 46g, Lyon, 1909). 2. Arch. mun., BB 20, fos 65-67.