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_ 8— Georges à Saint-Paul, derrière les maisons adossées au rocher qui bordent présentement les rues Saint-Georges, Tramassac, Gadagne et Saint-Paul *. Et, comme si tous ces malheurs ne suffisaient pas, voilà que se met à sévir, tout comme à Rome, cette néfaste pratique qui consiste à transformer les édifices anciens restés debout ou à moitié détruits en carrières où les habitants vont chercher des matériaux pour construire ou réparer leurs demeures, bâtir des monuments3. Lyon romain n'existe plus. Heureusement, pour donner un nouvel essor à la petite ville tapie maintenant sur les bords de la Saône, un ferment nouveau est apparu : le christianisme. Voyons quelle a été son action et de quelle façon cette action s'est manifestée. m Les débuts du christianisme à Lyon sont mal connus 3. Cependant, grâce à trois écrivains qui comptent parmi les plus remarquables de leur temps et dont le hasard a voulu qu'ils aient vécu à Lyon ou qu'ils y aient eu des attaches, Sidoine Apollinaire, Grégoire de Tours et Leidrade 4, nous i. M. C. et G. Guigue, les Recluseries de Lyon, p. 95. Cf. Poupardin, le Royaume de Bourgogne sous les Carolingiens, p. 64, n. 2 et n. 3. Sur les prétendues invasions sarrasines, il n'y a rien de certain ; cf. Poupar- din, 0. c , p. 8,106 et notes. 2. On trouve des débris de cette nature dans les assises de Saint-Jean, Saint-Pierre, Saint-Nizier, dans les piles du pont de la Guillotière. Les hommes du moyen âge n'employaient pas seulement les pierres des monuments romains, mais l'excellent blocage provenant de ces monuments, tellement dur qu'il formait un béton presque incassable ; on voit sur les registres consulaires la ville acheter de ce béton aux particuliers qui en ont sur leur domaine. Il y avait d'ailleurs de telles ressources dans ces ruines qu'on les exploitait encore long- temps après, puisque le chamarier deSaint-Jean emploie des pierres du forum en 1495 pour refaire sa maison (L. Bégule et Guigue, Monographie de la cathédrale Saint-Jean, p. 5), et Nicolay (0. c, p. 20) signale en 1573 des « marques d'antiquité qui encore se trouvent de la part de ladite colline, comme les ruines de Fourvière, aqueducs, temples, sépultures et théâtres ». Cf. Ph. Fabia, Fourvière en 1493, p. 6-9 (Extrait des C. R. des séances de l'Acad. des Inscriptions, 1918). 3. Sur le développement topographique de Lyon au moyen âge dont il va être question, il n'existe, en dehors des précieux documents ou renseignements épars dans les travaux de MM. C. et G. Guigue, que les ouvrages de M. Vermorel. Ces derniers, bien que difficiles à manier et à contrôler et restés en majeure partie à l'état d'ébauches manuscrites aux Archives municipales, constituent un ensemble important, dans lequel on relèvera notamment : i° Historique et statistique des voies publiques comprises dans les quartiers de Bellecour, Ainay, Perrache et presqu'île Perrache, 2 vol. ms. faisant 1180 p . ; 2° Historique des rues de la ville de Lyon (quartier Saint-Paul), impr., Lyon, 1879; 3 0 Plan topographique historiquede la ville deLyon en 1350, en une vingtaine dé feuilles, ms. avec Brochure-préface imprimée, Lyon, 1878. Sur l'œuvre de Vermorel, cf. Ph. Fabia, le VieuxLyon, dans Journal des Savants, 1917, p. 461-465. 4. Sidoine Apollinaire, né à Lyon vers 431 ; Grégoire, évêque de Tours (534-595), neveu de Saint- Nizier ; Leidrade, archevêque de Lyon de 789 à 814.