Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                                  — 5 —
 du Rhône et de la Saône s'installèrent ; la « très-splendide corporation
des négociants cisalpins et transalpins » dont le siège social était à Milan
arriva. Alors Lyon fut vraiment la « tête des Gaules », et quand, après
l'incendie de l'an 65, la majeure partie de la ville eut été rebâtie, ses édi-
fices et ses jardins couvrirent le versant oriental de la colline de Fourvière
jusqu'à la rive droite de la Saône.
      Tâchons de fixer ce premier aspect de Lyon, tel que nous pouvons
l'imaginer, non pas malheureusement à l'aide d'un ancien plan ou de quel-
que description précise léguée par un écrivain de l'antiquité, mais d'après
les inscriptions et les débris de monuments que les fouilles ont mis à jour *.
      Comme toutes les villes romaines, Lyon a une enceinte continue, qui a
entièrement disparu, mais dont le tracé est connu. Elle part du puy d'Ainay,
sur la Saône 2, escalade la colline presque en ligne droite jusqu'au cimetière
de Loyasse dont elle suit le mur méridional, puis redescend vers la Saône
où elle aboutit au bas du rocher de Pierre-Scize, et, suivant les sinuosités du
fleuve, rejoint son point de départ 3. Des portes s'ouvrent dans cette en-
ceinte, orientées selon la coutume des Romains : la porte du nord au pied de
Pierre-Scize, la porte du sud au-dessous de la Quarantaine, la porte de Trion
à l'extrémité de la rue du Juge-de-Paix, la porte Saint-Just sur son empla-
cement actuel. Au voyageur qui débouche des routes d'Italie, la ville pré-
sente ainsi la façade étagée de ses monuments et de ses maisons. Tout au
sommet, porté au sud et à l'est par des murs hauts de quinze mètres et
épais de quatre, le Forum avec son temple de Jupiter et sa basilique. A l'est
du forum, dans la région de l'Antiquaille, les principaux bâtiments civils :
palais impérial, casernes, hôtel des monnaies. Au sud, dans le triangle

       1. Plusieurs tentatives ont été faites pour dresser le plan de Lyon romain et reconstituer sa physionomie.
Comme plan, voir Allmer et Dissard, o. c, t. II, p. 492 ; Bazin, Vienne et Lyon gallo-romains, Paris, 1891 ; de
Montauzan, les Aqueducs de Lyon, p. 8. Comme essai de restauration, voir, mais avec précaution, Lyon
antique restauré d'après les recherches et découvertes de F. M. Artaud par Antoine Chenavard, in-folio avec
planches, Lyon, MDCCCL.
      3. Podium Athanacense. C'est le nom sous lequel on désignait la colline située au débouché du pont
d'Ainay.
      3. Je suis ici en contradiction avec MM. Allmer et de Montauzan, loc. cit. ; mais mon opinion se fonde
sur le fait que les murailles des villes romaines étaient ininterrompues et elle est corroborée par le texte de
Grégoire de Tours cité précédemment (p. 3, n. 4 de la p. 2) d'après lequel le Rhône renversa en 580 une par-
tie de la muraille romaine, ce qui n'a pu avoir lieu que si celle-ci bordait la Saône actuelle. (Cf. Jullian,
0. c , t. VI, p. 518, n. 3).