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— 2 — gravite autour d'elle, est la ville par excellence ; mais c'est aussi une cité européenne » 1 . — Et M. Jullian, dans son Histoire de la Gaule, où il fait à Lyon une place magnifique : « Lyon concentre peut-être plus de routes encore que Paris. Il n'est pas comme lui le carrefour d'une moitié seulement de la France, mais il se dresse ainsi qu'une acropole au centre de la Gaule et près de tous ses quartiers...3. En regardant ce confluent si franc et si net, ce merveilleux appareillage de routes fluviales, ces rivières et ces percées aussi régulièrement orientées que si elles étaient l'œuvre d'un calcul augurai, cet horizon formé des montagnes souveraines de la France, Alpes et Cévennes, ce spectacle, tantôt des blancs sommets de la frontière, tantôt des masses noires et profondes du centre, cette fuite rapide vers la Méditerranée, cette lente ascension vers la Seine, le Rhin et la Loire, je ne puis m'empêcher d'admirer ici l'ombilic de la France entière » 3. Tout cela est vrai ; mais ce qui est également vrai et ce qu'aucun de ces historiens ou de ces géographes ne dit, c'est que si la région du confluent semblait désignée dès le principe pour devenir le berceau d'une grande cité, il y manquait l'espace nécessaire à son développement. Considérons en effet ce site tant vanté tel qu'il se présente aux origines de l'histoire. Que voyons-nous ? le Rhône et la Saône arrivant, la Saône à travers des rochers à pic qui réapparaissent quelques centaines de mètres plus bas, au milieu de son lit, le Rhône, tout frémissant d'avoir heurté l'éperon rocheux qui formera plus tard la perrière de Terraille ; puis, à l'endroit où les deux fleuves mélangent leurs eaux, une plaine recouverte d'alluvions, de boue, de graviers, coupée par des bras dont le tracé varie sans cesse. Le principal, le bras du confluent, part de la place des Cordeliers actuelle et aboutit à l'extrémité de la rue Port-du-Temple, laissant à sa gauche une grande île, l'île d'Ainay, ce qui fait que le Rhône commence alors à la passerelle du Palais 4 ; mais ce canal ne suffit pas pour calmer i. Tableau de la France, p. 253. 2. Ce sont les mots mêmes de Strabon. 3. Histoire de la Gaule, 1.1, p. 35-37. 4. Sacrosancta Dei ecclesia que est constructa in insula que Athanacus vocatur. Ainsi est nommée l'église d'Ainay dans le Petit Cartulaire d'Ainay, ann. 968 et suiv. — A vrai dire, la question du confluent à l'ouverture de la période historique est très difficile à résoudre, et les plans qu'en ont donnés Desjardins (Géographie de la Gaule romaine, t. III, pi. II) et Lenthéric (Le Rhône, 1.1, pi. VII) sont tout à fait fantaisis- tes. Il semble cependant qu'on puisse arriver à des conclusions vraisemblables. D'abord il est sûr qu'il n'a