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458 LA R E V U E LYONNAISE Brà vi travaiarello, abibo de Prouvènço, Quand aurés, eilalin proun acampa de mèu, Tournas au brusc nadau bèure lou gai soulèu Dins lou jardin risènt que flouris d'Arle à Vènço. AUX FÉLIBRES DE L'ABEILLE A NEW-YORK Dans le riant jardin qui fleurit d'Arle à Vence Il manquait donc de fleurs et de joyeux soleil, Que vous fûtes si loin butiner votre miel, Essaim laborieux, abeilles de Provence ? Vaillant petit essaim, abeilles de Provence, Quand vous aurez, là -bas, assez trouvé de miel, Revenez à la ruche humer le gai soleil Dans le riant jardin qui fleurit d'Arle à Vence ! Ceci n'est point pourtant la première incursion du félibrige en Amérique. Cet échange de poésie était préparé de longue date. La double question d'autonomie et de renaissance latine qu'il représente à l'étranger, avait déjà préoccupé souve-> • rainement les Américains du Sud et en particulier Don Pedro de Alcantara. Dans son dernier voyage en Europe, l'empereur du Brésil avait eu à Marseille de longues entrevues avec le poète de Calendal, Les œuvres des félibres sont, en effet, également appréciées à Lisbonne et à Rio-de-Janeiro, où les jardins du palais impé- rial ont retenti plus d'une fois de la chanson de Magali. Voilà d'ailleurs longtemps que les deux Amériques lisent Mireille dans la tra- duction anglaise de Miss Harriet Preston. Voilà longtemps aussi que chaque événement de Provence est commenté par les grandes revues des Etats-Unis. Et il est inutile d'ajouter que le Canada, ce Adèle dépositaire des traditions françaises, est le premier à s'en préoccuper. Nous ne saurions mieux terminer que par ces extraits d'un sonnet de Berlue- Perussis aux latins d'Amérique, qu'il adressait naguère au Canadien Louis Fre- chette, le poète français du nouveau monde : « Que nous font mille lieues *s fleuves et de mers, si le même soleil nous répand sa clarté, si pour la même foi nos coeurs battent ensemble ! « Cependant que le sany coule dans l'ancien monde, rejoignons nos mains par dessus les vagues, le seul voisinage est celui des cœurs. « D'interin que lou sang au vièi mounde se verso Rejonguen nosti man pèr-de-subre lis erso : La soulo vesinanço es aquelo di cor ! » P. M.