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414 LÀ R E V U E LYONNAISE rencontre; d'un côté, sur la pente de l'étroite route, de vieux gro- gnards excédés de fatigue ; sur l'autre pente, des soldats* qui n'appartenaient à Louis XVIII que par la couleur de leur cocarde. L'hésitation ne fut pas longue. Napoléon lorgne un moment, suivi de quelques grenadiers ; il s'avance rapidement sur le pont : — C'est vous, mes braves! Tirez sur votre Empereur. Voyons qui l'osera ! Tout simulacre de résistance cesse, les cocardes blanches sont jetées dans le ravin qui sépare les deux corps; on s'embrasse, on fraternise, la tricolore sort de toutes les poches. Des masses de paysans groupés sur les rochers agitent leurs feutres, leurs bon- nets. La route se poursuit aux cris de : Vive l'Empereur! jusqu'à Grenoble, et le colonel Labédoyère en ouvre les portes. Pendant ces scènes dramatiques, Lyon avait dans ses murs un ou deux régiments, que Macdonald et le comte d'Artois vinrent de Paris en toute hâte passer en revue et haranguer. Mais qu'espérer de soldats dont l'un, sollicité par le prince de crier avec lui : Vive le Roi ! répond : « Ça ne veut pas sortir de là , » en montrant son cœur. Toutes les proclamations, toutes les promesses furent vaines, sans succès. On parlait de couper les ponts. Rien ne se fit. Quel- ques jeunes gens de bonne volonté coururent s'inscrire pour se joindre au prince, s'il se portait en avant. Le prince ne bougea pas. Il était encore à table, le jeudi, à l'Archevêché, lorsque les éclaireurs se présentèrent dans le faubourg de la Guillotière. Macdonald pressa son départ ou sa fuite \ 0 honte pour son parti ! i° Le monstre a couché à Grenoble ; 5" Le tyran a traversé Lyon ; 6° L'usurpateur a été vu à soixante lieues de la capitale : 7» Bonaparte s'avance à grands pas, mais il n'enlrera jamais dans Paris, 8° Napoléon sera demain sous nos remparts ; 9" Lîempereur est arrivé à Fontainebleau; 10° (21 mars). — Sa Majesté impériale et royale a fait hier au soir son entrée en son château des Tuileries, au milieu de ses iidèles sujets. » i o Notre position est toujours plus critique. Monsieur repart aujourd'hui (14 mars), t après être arrivé de Lyon, où Macdonald s'est conduit avec une noble fidélité et un très mauvais succès. Il a harangué trois mille hommes qu'il y avait à Lyon, il a réuni les officiers. Geux-cij au lieu de se rendre au sentiment de leur devoir^ ont déclaré qu'ils ne se croyaient aucun crédit sur leurs (roupes. Us ont récriminé sur les fautes commises envers l'armée... Macdonald, cependant, les a mis en bataille der- rière le pont de la Guillotière ; à la vue des premiers hussards de Bonaparte, ils ont