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402 LA R E V U E LYONNAISE apprîmes que certaine satisfaction perçait sur les visages des maîtres delà ville. L'aubergiste nous en donna la nouvelle. En nous ren- dant chez M. de Metternich, nous vîmes des groupes d'hommes âgés, dont le langage et les gestes rappelaient l'ancienne Cour. Le bruit de l'entrée des alliés à Paris, quelques rumeurs vagues du retour des Bourbons circulaient déjà parmi les groupes. M. de Metternich, lorsque nous entrâmes, se promenait fort agité. Sa contenance d'étiquette était complètement en défaut. Il me fit l'effet d'un homme prêt à danser la gavotte, mais ne sachant pas encore sur quel air il la danserait. « Messieurs, nous avons d'immenses événements, nous dit-il. Nous sommes maîtres de Paris; grâce au ciel, sans coup férir. On s'y agite beaucoup. On parle de démonstration en faveur de la maison de Bourbon. Les habitants delà capitale semblent se pro- noncer pour elle et la rappeler. — Mais l'impératrice 1 mais le roi de Rome! objectâmes-nous. L'Autriche consentirait-elle à ce détrônement? » Le père prêtant la main à l'expulsion de sa fille, de son petit- fils, se présentèrent d'abord à mon esprit comme des impossibilités. M. de Metternich ne voulut pas en dire davantage 4.M, de Lauren- cin, qui ne dissimulait point sa satisfaction de voir refleurir les lys, lui demanda en quels termes nous devions parler de ces évène - ments à l'empereur François. « Avec une certaine discrétion, mais avec franchise. Vous vous mettrez au niveau de son caractère. Votre tact vous guidera, mes- sieurs; Sa Majesté vous recevra avec bienveillance, vous serez contents d'EUe. Exposez-lui avec chaleur les anxiétés de Lyon. Sa bonté fera le reste. — Et Napoléon, où est-il ? Que fait-il ? » — Il s'est retiré à Fontainebleau. » 1 ... « Il serait difficile, monsieur le duc, que je Vous retrace les pénibles sensations qu'éprouve l'empereur mon maître. Il aime sa fille et il la voit exposée à de nouvelles inquiétudes, et elles ne pourront qu'augmenter. Plus les questions politiques se coin • pliqueront, plus elles deviendront personnelles... Vous devez Connaître mes vues, mes principes, mes vœux. Les premières sont tout européennes, et par conséquent françaises ; les seconds me portent à voir l'Autriche comme intéressée au bien-être de la France ; les troisièmes sont en faveur d'une dynastie si intimement liée à la sienne. • > *-Lettre du prince de Metternich au duc de Vicence, 18 mars 1814, (Doc. off.) Ceci était écrit avant l'entrée des alliés à Paris et le rétablissement des Bourbons.