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392 LA R E V U E LYONNAISE Li Funeraio ! E pièi, sus un nouvèu Calvà ri Li très Grous redreissado. eilalin au Pounènt Esbléugissènt. E rouiga d'un vôutour, eila sus la mountagno, Un autre Proutnetiéu ! Ah ! quant de malamagno I' avié dins l'aire, e quant de lagno! Peralin, sus lou bord dôu flume plouradis S'aubouro un degoulou, mounte es aferounado La moulounado— E s'entend un gros bram, un van barrejadis, Un auragan de dou tout mescla de lagremo D'ome e de femo, Que jiton vers lou cèu un adieu eternau !... E marchavon toujour li cà rri, li chivau Di Funeraio, amount, avau. E toujour lou trafè di nègri Funeraio Bôulavo lou sou blanc, — triste, desparaula, D'eici, d'eila, De pourtaire de mort intravon dins la draio, Varaiant, trantaiant à travès lou campas Orre de glas ; E me venié subran la memori terriblo Dôu courpatas d'antan que, dins la niue vesiblo, Voulastrejè 'mé d'alo ourriblo. trois croix, de nouveau dressées, là -bas, bien loin, dans le couchant étincelant ! Et rongé d'un vautour, ici, sur la montagne, un autre Prométhée ! Ah ! quel abattement était dans l'air, quel découragement ! IV. Au loin sur le bord d'un fleuve gémissant se dresse une falaise où la foule s'agite avec fureur.... Et l'on entend un grand mugissement, agitation vaine, ouragan de douleurs d'où partent des pleurs d'hommes et de femmes, qui jettent vers le ciel un éternel adieu !... Et les chars avançaient toujours, là -haut, là -bas, avec les noirs chevaux des funérailles ! V. Et toujours cet encombrement des noires funérailles foulant le sol blanchi; tristes, muets, d'ici, de là , des porteurs de morts entraient dans le chemin, divaguant, chancelant à travers la lande affreuse, à travers la lande glacée. Et me venait subi- tement l'épouvantable souvenir de ce corbeau fameux qui voletait de ses ailes sinistres, visible dans la nuit.