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376 LA R E V U E LYONNAISE à l'élément général un peu de cette idée latine, qui partie de Provence et de Catalogne, a passionné l'Allemagne et la Suède, pour en venir, hier à peine, à embraser la Roumanie !.,... C'est ce que nous tentons aujourd'hui. Avec une introduction pour chacun des nouveaux venus, et douze pages en moyenne, d'œuvres inédites, en prose ou en rythme d'oc, traduites en regard, nous ferions bientôt de la Revue Lyonnaise ce trait d'union désiré de nos deux littératures. Les trois organes du félibrige, l'Armana prouvençau, la Revue des langues romanes, le Brusc, sont insuffisants, selon nous, à décentraliser le mouvement littéraire du Midi. Un aïmanach annuel Lafon, la liste complète des grands poètes du Midi pendant les trois siècles qui ont suivi Bellaud. Nous n'y reviendrons pas. — Enfin parurent les félibres. Il nous reste à citer Mistral, qui a résolu la question de ce mot dans le dernier fascicule paru deson Trésor du félibrige (Dictionnaire universel des dialectes d'Oc). «.Félibre, s. m félibre, poète provençal de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle littérateur de la langue d'Oc, membre du félibrige : v. majourau, mantenéir trou- baire. « Le mot félibre, dit-il, fut adopté en ce sens, à partir de Tannée 1854 par les promoteurs de la renaissance littéraire et linguistique du Midi. Le 21 mai 1854, sept jeunes poètes, MM. Théodore Aubanel, Jean Brunet, Anselme Mathieu, Fré- déric Mistral, Joseph Roumanille, Alphonse Tavan et Paul Giéra, amphytrion, se réunirent au castel de Fontsegugne, près Ghateauneuf de Gadagne (Vaucluse), pour concerter dans un banquet d'amis la restauration de la littérature provençale. Au dessert on posa les bases de cette palingénésie et on chercha un nom pour en dési- gner les adeptes. On le trouva dans une poésie légendaire que M. Mistral avait recueillie à Maillene. ... Saint-Anselme, dans une vision, fait raconter à la Vierge Marie ses Sept Douleurs. Elle dit à Jésus : Dans lou temple erias Que vous disputavias Erne li tiroun de la lèi Eme U sel félibre de la lèi. Le mot félibre, aussi inconnu du reste que le mot tiroun, ayant certainement dans ce morceau le sens de « docteurs de la loi » fut acclamé par les sept convives et l'Armana prouvençau, organe de la nouvelle école proposé et fondé dans la même séance, l'Armana prouvençau, jper lou bel an de Dieu 1855, adouba e publica di la man di félibre, annonça à la Provence, au Midi et au monde que les réno- vateurs de la littérature provençale s'intitulaient « félibres ». Ce vocable mystérieux rapidement vulgarisé par les œuvres de ceux qui l'avaient adopté, figure depuis lors dans les dictionnaires français (Bouillet, Larousse, Littré, etc.). Sou origine a exercé la sagacité des philologues et bien des étymologies ont été proposées : « du latin felibris ou fellibris (nourisson), du grec çD.ofJpaioç (ami de l'hébreu), çîXœfipoç (ami du beau), de l'irlandais filea (poète bardi), du germanique filibert (sens inconnu), du provençil fe libre, libre par la foi, de Tandalous ftlabre (sens inconnu). Quant â l'étymologie qui l'explique par faiseur de livres, elle est inad 'missible, car on disait fa libre ou fai-libre, » .-.,,.:..