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364 LA R E V U E LYONNAISE assez rapidement sur les preuves métaphysiques de l'existence de Dieu et ne songe pas à les rendre plus fortes et plus concluantes. Il les reproduit à peu près littéralement, telles qu'il les trouve chez Descartes,chez Clarke, chez Bossuet,chez Fénelon,chez J.-J. Rous- seau, et ne cherche nullement à les défendre contre les objections du criticisme moderne. On dirait que son livre a été écrit avant l'apparition de la Critique de la raison pure de Kant. Il développe largement, à l'exemple de Fénelon, l,es preuves physiques de l'existence d'un premier Etre et nous promène avec complaisance à travers les merveilles de la terre, de la mer et du ciel, qui ra- content si bien la gloire de leur auteur. Dans cette partie de son ou- vrage, il se montre vraiment écrivain et enchantera certainement, par la magie de son coloris, les lettrés qui auront la bonne fortune de le lire, mais il ne se montre peut-être pas philosophe au même degré et ne satisfera peut-être pas aussi bien les esprits méditatifs qui voudront s'éclairer par la lecture de son livre. Parmi tant de pages brillantes qu'il consacre aux preuves de l'existence de Dieu par les causes finales, il n'a pas jugé à propos, en effet, d'en con- sacrer une seule à la discussion de ce principe de la finalité qui a été si vivement combattu par M. Littré et que M. Janet a si habi- lement défendu dans un ouvrage considérable. Même observation touchant les preuves morales. Il les expose avec un vrai talent à l'imitation de Lamennais, et non sans chercher à les rajeunir par des emprunts faits à l'érudition contemporaine ; mais quant à la question de savoir si ces preuves prouvent quelque chose, c'est-à -dire si le consentement universel des hommes a quelque valeur en pareille matière, il néglige de s'en occuper. Ajoutons qu'on n'est pas médiocrement surpris de voir les noms si célèbres d'Auguste Comte et de M. Vacherot à peine mentionnés dans un travail consacré à défendre la religion naturelle contre ses plu s récents et ses plus puissants détracteurs. Malgré ces défauts et quelques autres que nous pourrions signa- ler, tels que l'abus des citations- et l'appel par trop fréquent à l'autorité, le livre de M. Pernet nous paraît un des plus remar- quables qu'ait produits le clergé contemporain. L'auteur y montre non seulement un esprit philosophique de bon aloi, mais encore des connaissances étendues et variées soit dans les sciences phy -