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                         C U R I O S I T É S DE V O Y A G E                         349

les qualités du sol qui est fertile, mais l'incurie très primitive des
habitants. Les villages sont rares. C'est à peine si, dans l'espace de
quatre milles, on en rencontre un seul. Le peuple de la campagne se
livre au commerce des œufs; en passant, on rencontre peu de va-
ches ; rien de plus fréquent que des champs remplis de pierres,
aussi les difficultés nous obligent-elles à nous arrêter au village
de Compeis ', à l'hôtel de la Poste. Réconfortés parle dîner, nous
poursuivons notre route à travers de misérables villages qui n'of-
frent pour toute richesse que du pain et de l'eau. La campagne,
bien que couverte de pierres, pourrait être, par le soin des habi-
tants, nettoyée et cultivée. Point de forêts; mais, cà et là, quelques
arbres isolés. Les champs qui ne portent point de blés produisent
du colza. C'est ainsi que nous atteignons une petite ville de la
Marche supérieure, Felletin 2, où l'on fait des tapisseries 3 et qui
est sur la route militaire qui conduit de Limoges à Clermont4.
Nous remarquons, sur les voitures, les magnifiques poissons que


  1
     Compeix (Creuse), village, jadis avec relais de poste. Porté sur la carte de
Gassini. Il précédait un autre relais appslé La Prade ; celui-ci placé avant d'arriver
à Fellelin.
   2
     Felletin (Creuse), petite ville sur une colline dominant la Creuse. Église de 1451,
clocher couvert de sculptures. Église du château (seizième siècle). Vieilles maisons
à croisées sculptées. Dans le cimetière d'un faubourg, lanterne des morts, octogonale,
de sept mètres de haut.
   3
     La fabricaiion des tapisseries, à Felletin, se confond avec celle d'Aubusson. Leur
origine est à peu près la même et remonterait à une émigralion d'ouvriers flamands
amenés dans la Marche, au commencement du quatorzième siècle, par Louis de
Bourbon, comte de ia Marche, lequel avait épousé Marie de Hainaut. C'est l'opinion
de divers historiens.
   * La route militaire qui conduit de Limoges à Clermont se dirigeait de Felletin
à Pontcharraud, à Fernoël, à Giat, sur le territoire de la ville gallo-romaine de
Beauclair (prés de Voiugt),à Sauvagnat, à Perol, à Gelles, au Pont-Armurier, à Couhaix
aux pieds du Puy-de-Dôme, dans la vallée de Villars et enfin à Chamalières et à
Clermont. C'était l'ancienne voie romaine créée par Agrippa, gendre d'Auguste. C'est
sur cette voie antique que passaient les troupes en campagne, ce qui dura jusqu'à
l'ouverture de la route, par Pontgibaud et Saint-Avit, terminée en 1809. Toutefois,
 cette route militaire ne fut pas utilisée pour les relais de poste, en 1464, lors de la
 création de ces relais par ordre du roi Louis XI. On se servit d'un chemin passant par
 Pontgibaud, Pontaumur, Saint-Avit, sans doute parce que la petite ville de Pontgibaud,
 qui alors était importante, offrait des ressources particulières pour un relais de poste
 et qu'il en é!ait de même pour Pontaumur, tandis qu'il eût été difficile de trouver
 facilement de bons relais sur la ligne parallèle, qui servait de roule militaire. Sur la
 carte de Cassini, l'ancienne voie romaine ou route militaire est tracée sous cette
 qualification : Ancienne route de Clermont à Limoges.