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346 LA R E V U E L Y O N N A I S E sion, Napoléon s'obstinant et ne voulant pas céder, finit par lui saisir le bras et, avec un sourire fin : « Non ! non ! non ! monsieur de Metternich, vous ne me ferez pas la guerre, appuyant sur ces mots. — Votre Majesté se fait illusion, répondit M. de Metternich; elle peut être certaine que nous la lui ferons, et c'est avec regret que je me vois forcé d'insister sur ce point, que si, avant minuit, notre ultimatum n'est pas accepté par elle, quelque répugnance que nous y mettions, quelque regret que j'en éprouve en mon parti- culier, une rupture entre la France et l'Autriche devient inévi- table. — Monsieur de Metternich, vous ne me ferez pas la guerre, répéta-t-il de nouveau en riant et en s'éloignant. » J'en fus et demeurai consterné pour lui. A minuit, terme fatal expiré, toutes négociations furent rompues. Nos drapeaux devinrent ennemis \ L'abandon plein de bonhomie apparente avec lequel le ministre autrichien nous parla avait quelque chose de séduisant. On eût dit qu'il désirait persuader les Français de la sincérité, de la bonne foi qu'il avait mises à empêcher Napoléon de tomber dans l'abîme. « Il faut gémir, messieurs, de son obstination. Une si grande et brillante destinée compromise ! Mais quelle tète ! quelle tête ! quelle tète ! De nouvelles assurances de bienveillance et le désir exprimé de nous revoir le lendemain à la même heure terminèrent l'entretien. 1 « A Prague (c'est de cette conférence qu'il s'agit), à Prague, écrit le duc de Vicence à Napoléon, la paix n'a pas été faite et l'Autriche s'est déclarée contre nous, parce qu'on n'a pas voulu croire que le terme fixé fût de rigueur. » Lettre de Caulaincourt à Napole'on, du 6 mars 1814. H.-A. BRÔLEMÀNN. (A suivre.)