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322                      LA R E V U E    LYONNAISE

l'en remercia en le créant son « valet de chambre » in partibus.
Gleberger vint s'établir à Lyon * en 1532, après avoir exercé le
négoce à Berne et à Zurich, et il vécut encore quatorze années
dans sa nouvelle cité d'adoption où il mourut (6 septembre 1546).
Il y acquit des seigneuries importantes, entre autres celles de Cha-
vagnieu en Dombes, et de Champs, près Lyon; puis, de M1Ie de
Balmont, il acquit celle de la Tour (la tour de la Belle-Allemande).
Cette « belle Allemande » était sa femme, Pelonne de Bonzin, d'une
famille forézienne, .veuve d'Etienne de la Forge, et la légende à
la Barbe-Bleue qui fait apparaître au balcon de la tour l'épouse
infortunée, captive de la jalousie de son vieux mari, ne repose que
sur le fond incomparablement fertile de l'imagination populaire.
   Cleberger eut un seul fils, David, qu'il laissa orphelin à huit
ans, en 1546. La fortune mobilière de l'enfant fut employée par
ses tuteurs, Etienne de la Forge et Georges Vichman, d'accord
avec sa mère tutrice, en l'achat de quatorze seigneuries, dont une
seule fut payée 32.000 livres, somme équivalente à près de
 100.000 francs d'aujourd'hui.
   Lié avec Erasme qui lui écrivait en l'appelant : homme très
 cher à mon cœur, Gleberger avait dû faire partie du petit groupe
indépendant et libéral de Nuremberg, où brillaient Albert Durer
et son ami Pirkheimer, l'auteur savant, et lettré du Bellum Hel-
veticum, à la fois homme de guerre et homme d'étude. C'est sans
doute à titre d'ami, et d'ami riche et généreux, que Durer peignit
pour Cleberger le portrait qui orne le Belvédère de Vienne sous
le n° 30 de la première salle du deuxième étage. Ce qui donne
une certaine consistance à ma supposition, c'est que d'après les
renseignements qu'a bien voulu me donner M. 0 . Berggruen,
desquels je le remercie cordialement ici, le portrait de Cleberger
vient de la collection de la famille Imhoff, de Nuremberg. Or,
cette famille avait hérité de la collection d'objets d'art de Billibald
ou Willibald Pirckheimer, mort le 22 décembre 1550. Ce tableau
de Durer fut acheté aux Imhoff avec plusieurs autres pièces de


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    Ses armoiries figuraient encore en 1842 sur si maison de la rue des Parges, à
Sainl-Irénée, appartenant à M. Bruny, aubergiste. Elle portait le n° 93. Elle a été
gravée dans la Revue du Lyonnais, année 1838, en cul-de-lampe.