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298 LA REVUE LYONNAISE Et pourtant mon âme chantait, Et rien d'humain ne saurait dire Le vaste amour qui l'enchantait. Dans le pacifique mystère, Mon cÅ“ur à Dieu s'était lié ; J'avais un moment oublié, Les folles choses de la terre, Et par delà les horizons Des éternelles floraisons, J'entrevoyais encore, encore, Tant d'abîme et tant de clarté, • Que mon esprit épouvanté Réclamait les feux de l'aurore ! L'AÃEULE Le petit compagnon, l'enfant de sa grand'mère, C'est Jule. Il a cinq ans depuis le mois de mai. Ses yeux semblent poursuivre une douce chimère : Je suis au monde, est-il donc vrai? « N'est-ce pas que sans moi tu serais toute seule, Grand'mère, et que nos cÅ“urs sont deux voisins des cieux? Et leupetit enfant s'approche de l'aïeule Qui baise en pleurant ses cheveux. Mais bientôt : « M'aimes-tu, raconte- le-moi, Jule ? — Si je t'aime ! réponds le petit préféré. — Eh, comment?... «lui sourit cette chère incrédule. Alors, par Dieu même inspiré, L'enfant ouvre son âme encore à peine éclose, Cette âme où de la vie il n'entre que le miel, Et levant doucement sa petite main rose : « Je t'aime, vois-tu, jusqu'au ciel ! »