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288 LA REVUE LYONNAISE Le chemin se poursuit et l'entretien aussi, le moine et le che- valier discutant sur ces graves questions aussi sentencieusement que l'eussent pu faire l'immortel héros de Cervantes et son impé- rissable écuyer. C'est le chevalier ou plutôt l'auteur qui conclut par ces vers : Et ce voyant, je veux conclure. Ce Blason des faulces amours Justement montre, que leurs tours Sont tels, qu'on n'en doibt avoir cure. Dans le Loyer des folles amours, de Guillaume Crétin, qui parut à Paris en 1526 à la suite d'un autre ouvragedu même auteur intitulé : « Le débat de deux dames sur le passe-temps de lâchasse des chiens et oyseaulx, » il est question d'un amant longtemps berné par sa maîtresse, et finalement ruiné et mis à mal par la perfide. Aussi l'infortuné, revenu de son égarement et instruit par son expérience donne-t-il à ses semblables de sages leçons que probablement ils ne suivront pas plus que lui-même n'a profité de celles qu'il a reçues : Aime qui voudra, Mal luy en prendra; S'en est le loyer. Abuz surviendra, Qui tost l'apprendra A soy fourvoyer, S on Dieu oublier, Souvent renier, Dont une fois conte rendra. Qui à femme se veut fier, Et en sa foie amour lier, Peu de profit luy en viendra. Très mélancolique et très morale conclusion d'une folle équipée. Je n'insiste pas davantage sur cette composition assez plaisante, qui, du reste, n'est pas de longue haleine, et j'en viens à un des plus singuliers spécimens de ce genre de littérature. Bien qu'il dépasse de quelques années le terme que je m'étais assigné, je ne laisserai pas d'en donner une idée, vu son extrême originalité.