Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              DU SERPENT A P P E L É A N E - V I E U X           259
ce qui a donné aux spirituels Parisiens l'idée d'inventer le calem-
bourg par à peu près.
   Dans un gros bourg, de moi bien connu, il s'était échappé un
 serpent d'une ménagerie ambulante, La « dompteuse » (le domp-
teur était une dompteuse) allait quérant son python-boa, qu'on finit
 par retrouver, tranquille comme Baptiste, dans une prairie. Depuis
 ce moment, tout le pays est devenu fort en histoire naturelle, car
il n'est personne qui n'y connaisse ce serpent extraordinaire que
l'on nomme le python-en-bois.
   C'est ainsi que, pour nous, l'oiseau dénommé bruant est
devenu le brillant, encore que son plumage ne soit pas brillant
du tout.
   Et cela me remémore deux jeunes mariés de ma connaissance
qui, ayant fait à Paris leur voyage nuptial, me racontaient au
retour qu'ils étaient allés renouveler leur serments devant le tom-
beau de Louise et Bernard. Aussi, quelle drôle d'idée de s'appeler
Hèloïse et Abélard, au lieu de Louise et Bernard, qui est bien plus
naturel !...
   Enfin qui s'imaginerait d'aller chercher l'ètymologie d'âne-
vieux dans Yanguis des Latins ?
   Rien de plus vrai cependant que cette étymologie, et si l'on
manque d'historique, la comparaison avec les dialectes voisins du
nôtre ne laisse pas de doute sur la filiation.
   La première fois que je vis que, dans le patois de la Gôte-d'Or,
un orvet s'appelait un anveau, il me sembla bien que ce mot,
malgré quelque parenté dans les sons, n'avait rien de commun, en
fait d'idée symbolique, avec notre âne-vieux. Anveau, c'est le
radical anv, plus un suffixe diminutif eau, répondant à ellus
latin. Or anv, c'est le radical d'anguis, c'est anguis lui-même
par la chute de la finale atone. Anguilla est en bas latin «mailla ;
elle est anwille et son diminutif anwison dans le français du
treizième siècle, et, ce qui est plus caractérisé encore, elle est
anvèie dans le wallon.
   J'imagine que, plus facilement même que par la transformation
directe de g en v, on peut expliquer le passage de. ang à anv
par la confusion des signes u et v (voyelle et consonne), qui a
subsisté jusqu'au milieu du seizième siècle, et même bien plus