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              LES TABLEAUX D'ALBERT DURER                         255:
retrouve ni la puissance réaliste, ni la correction rigide du maître-
de Nuremberg qui, étant peintre, se souvenait que son burin taillait
le bois et creusait le métal. De là une certaine sécheresse, mais
aussi une précision incomparable, que je ne retrouve pas dans notre
Rosenkranzfest, au même degré, dans toutes ses parties.
   Et cependant dans cette page où l'art flamand.et l'art allemand
S3 heurtent et parfois s'harmonisent, il y a des parties fort belles*
magistralement traitées, la composition est majestueuse et savante;
il y a du Durer là-dedans, et plus que n'en indiquerait l'inscription
et le monogramme qui y figurent sans vergogne. Ce n'est pas tou-
tefois trahispn et fourberie,,c'est naïveté, c'est respect. On connaît
des gravures dont les planches ont été ouvertement copiées d'après"
Albert* Durer et qui sont ponctuellement signées du monogramme
du> maître, parfois accompagné de celui du copiste ; d'autres fois,
tout seul, marquant l'œuvre du maître de la griffe du lion.
   L'observation de M. Berggruen est très fondée ; le pape a dis-
paru ; de

            Ces deux moitiés de Dieu, le pape et l'empereur,       : i,;


il n'est resté dans le tableau de Lyon que l'image du maîlre de
l'Allemagne. Gela prouve que la copie, ou mieux la, reproduction
libre, a été faite pour ou par un Allemand, adversaire du pape,
comme il y en avait beaucoup alors; toutefois la substitution de la
patronne à l'impératrice, substitution dans le goût du temps, me
fait douter un peu du protestantisme du peintre. S'il eût été pro-
testant, pourquoi aller chercher sainte Catherine à Alexandrie,
quand il avait Blanche -Marie Sfcrza, l'impératrice d'Allemagne,
sous la main? N'est-il pas plus simple de croire que le copiste
— si copiste il y a — a exécuté ce tableau au commencement du
dix-septième siècle, interprétant Albert Durer avec un sentiment
flamand et des procédés arriérés, peut-être volontairement, pour
un amateur ou peut-être « une amatrice » dont la patronne
eût été sainte Catherine, et qu'il l'a peint enfin en le modifiant au
goût du client. Rien de moins protestant que la dévotion du Ro-
saire; ce tableau en célèbre l'institution. Je me demande donc
pourquoi un amateur appartenant à la religion réformée aurait